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Alors que Nicolas Sarkozy doit officialiser, mardi après-midi, la position de l'UMP pour le second tour de la législative partielle dans le Doubs qui opposera un candidat FN à un PS, Alain Juppé a appelé à "faire barrage" au parti d'extrême droite.

Après Nathalie Kosciusko-Morizet, voici Alain Juppé qui sème le trouble dans les rangs de l’Union pour un mouvement populaire (UMP). Sur son blog, le maire de Bordeaux a appelé, lundi 2 février, à "faire barrage" au Front national (FN) lors du second tour de la législative partielle du Doubs, qui opposera dimanche la formation d’extrême droite au Parti socialiste (PS).

"Si j'étais électeur de la 4e circonscription du Doubs, je sais ce qu'en mon âme et conscience je ferais : pour barrer la route à une candidate FN qui croit, entre autres choses, ‘en l'évidente inégalité des races’, je ne m'abstiendrais pas, je voterais pour le candidat qui l'affronte, c'est-à-dire le candidat PS" Frédéric Barbier, écrit-il. Une façon pour le fondateur et ancien président de l’UMP de récuser le fameux "ni-ni" (ni Front national, ni front républicain) qu'entend défendre Nicolas Sarkozy, l’actuel dirigeant du parti.

"En son âme et conscience"

Dans la journée de lundi, Alain Juppé avait pourtant fait savoir qu'il ne s'exprimerait pas sur la législative partielle avant le bureau politique de l'UMP qui doit arrêter, mardi 3 février dans l'après-midi, la position officielle du parti.

Mais après avoir "pris le temps de réfléchir" sur le résultat du premier tour, le candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017 a décidé de rompre son silence car, à ses yeux, le parti de Marine Le Pen est devenu "notre principal adversaire politique".

Pas question pour autant de "s'engager dans un front républicain qui scellerait une alliance avec le PS". D'ailleurs, Alain Juppé ne se fait guère d'illusions sur la portée des appels à voter pour untel ou untel : "Pour tout dire, je ne suis pas sûr que les citoyens d'aujourd'hui attendent les consignes d'un parti avant d'aller voter. Chacun choisira en son âme et conscience".

Mais, dans un violent réquisitoire contre l'extrême droite, Alain Juppé met en garde les électeurs de droite contre une "arrivée aux responsabilités nationales" du FN, qui "n'apparaît plus tout à fait comme une hypothèse d'école" et qui serait "une catastrophe pour notre pays".

Situation compliquée pour Sarkozy

Cette position d’Alain Juppé complique un peu plus la tâche de Nicolas Sarkozy, qui espérait parvenir à un consensus de sa famille politique mardi, soit sur le "ni-ni", soit sur le refus de toute consigne de vote. "Chacun peut avoir sa position personnelle" sur le second tour du Doubs, a tenté de minimiser, lundi, le porte-parole de l'UMP, Sébastien Huyghe.

Déjà à la peine pour s'imposer comme leader naturel de son camp depuis son retour sur la scène politique à l'automne, l'ancien chef de l'État aura du mal, dans un contexte encore marqué par l'union nationale post-Charlie, à faire valoir sa ligne du "ni-ni". Même si elle a les faveurs des sympathisants UMP si l'on en croit un sondage Ifop pour "Le Figaro" et LCI. Selon cette enquête, 67 % des sympathisants plaident pour cette ligne, 19 % souhaitent que l'UMP appelle à voter PS et 14 % que le parti appelle à voter FN.

Avec AFP