
Le Japon a jugé mercredi abjectes les nouvelles menaces d'exécution du groupe de l'État islamique contre le journaliste nippon Kenji Goto et un pilote jordanien. Tokyo reconnaît se trouver "dans une situation très difficile".
L’indignation prédomine au sein du gouvernement nippon après que l’organisation de l’État islamique (EI) a publié, mardi 27 janvier, une nouvelle vidéo sous la forme d'une photo du journaliste japonais Kenji Goto tenant la photo d’un pilote jordanien capturé par l'EI. La voix supposée de Kenji Goto formule les menaces des ravisseurs, qui exigent, dans un délai de 24 heures, la libération de Sajida al-Richawi, une Irakienne condamnée à mort (lien en anglais) pour terrorisme en Jordanie.
"Ce sont des menaces tout à fait ignobles et je ressens une profonde indignation", a déclaré le Premier ministre, Shinzo Abe, aux journalistes à l'issue d'une brève réunion de son gouvernement mercredi. Et d'ajouter : "Nous sommes dans une situation extrêmement difficile et j'ai demandé aux ministres d'agir de façon unie pour faire libérer au plus tôt M. Goto".
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Ce journaliste indépendant est vraisemblablement retenu depuis fin octobre ou début novembre, tandis que le pilote Maaz al-Kassasbeh a été capturé le 24 décembre après le crash de son F-16 au-dessus de la Syrie, où il menait un raid sur des positions de l'EI dans le cadre de la coalition internationale antijihadistes.
Dans une précédente vidéo publiée le 20 janvier, l'EI réclamait au gouvernement japonais une rançon de 200 millions de dollars sous 72 heures pour relâcher Goto et un autre otage japonais, Haruna Yukawa. Faute d'avoir obtenu satisfaction, le groupe avait annoncé, samedi 24 janvier, dans un message de la même forme que celui de mardi, avoir exécuté Yukawa et réclame depuis la libération de la prisonnière irakienne.
Entre le marteau et l’enclume
Le gouvernement japonais, démuni selon les analystes, a de nouveau demandé mercredi dès les premières heures à la Jordanie d'agir pour secourir le ressortissant nippon.
itAmman est de son côté placé devant un dilemme : faut-il, pour sauver Kenji Goto et le pilote Maaz al-Kassasbeh, libérer ou non Sajida al-Richawi, une jihadiste irakienne impliquée dans une vague d'attentats-suicides en 2005 à Amman, revendiqués par la branche irakienne d'Al-Qaïda ?
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Pour les experts, la position des autorités jordaniennes est de facto entre le marteau de l'EI et l'enclume de l'opinion publique (qui veut le pilote sans libérer l'Irakienne), sous la pression du Japon (qui privilégie son ressortissant) et des États-Unis (pour qui il ne faut rien céder aux jihadistes).
"Le groupe État islamique enregistre des défaites sur le terrain et son emprise se réduit. Dans ce contexte, ces nouvelles revendications montrent l'intention de casser cette situation", estime Hiroyuki Aoyama, de l'Université de langues étrangères de Tokyo, interrogé par la chaîne NHK.
Avec AFP