envoyé spécial en Grèce – Le parti de la gauche radicale grecque Syriza a fêté sa large victoire, dimanche soir à Athènes, devant une foule galvanisée par la perspective de mettre fin aux politiques d'austérité. Reportage.
La Casbah de Bruxelles et ses prophètes de l'austérité n'ont qu'à bien se tenir. C'est en tous cas le message envoyé par le parti de la gauche radicale grecque Syriza, qui a célébré sa large victoire électorale, dimanche 25 janvier, en jouant à fond la musique "Rock the Casbah" ("Secouer la Casbah") devant une foule euphorique.
De nombreux partisans de Syriza n'ont pas attendu les résultats électoraux définitifs pour venir faire la fête et écouter le discours du chef charismatique du parti, prononcé devant le majestueux bâtiment de l'université d'Athènes.
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"Aujourd'hui, nous avons mis fin à l'austérité. Nous disons que la Troïka appartient au passé", a lancé Alexis Tsipras depuis son pupitre encadré par d'immenses colonnes ioniennes et surplombé par des fresques évoquant l'antiquité grecque.
"Retrouver notre dignité"
Un message de fermeté à l'égard des bailleurs de fonds du pays qui a déclenché des tonnerres d'applaudissements. Et peu importe que Syriza ne dispose pas de la majorité absolue, les Grecs sont d'abord venus pour célébrer une défaite, celle du dogme de l'austérité.
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"Tout va changer ! Le peuple va retrouver sa fierté, sa dignité, regarder le ciel avec joie", s'exclame Lena Grigoradou, enseignante retraitée, en tentant quelques pas de danse hasardeux sur le tube punk de The Clash.
"Bien sûr quand on voit tout cet enthousiasme, il y a toujours un risque d'être déçu, il reste beaucoup de travail pour réussir", tempère Sofia, membre de Syriza. L'étudiante en master de biologie est venue célébrer la victoire de son parti avec une pancarte à l'adresse de la chancelière allemande : "Gute Nacht Frau Merkel" ("Bonne nuit Mme Merkel", en allemand).
"Mais ça nous donne espoir de voir tous ces gens d'Europe du Sud qui ont fait le déplacement ici, nos pays doivent s'unir contre l'austérité", ajoute la jeune fille, en référence aux militants de gauche venus des quatre coins de l'Europe pour soutenir Syriza.
Parmi eux, Guido de Togni, un Italien venu par la route des Balkans depuis sa ville de Rome. "C'est une journée historique, c'est la première fois qu'un parti de la gauche radicale remporte une élection dans un pays européen. Ça aura un impact chez nous aussi à moyen terme", pronostique le chercheur en droit constitutionnel.
Tractations politiques
Alors que les canettes de bière commençaient à s'empiler devant l'université, l'ambiance restait studieuse au quartier-général de Syriza, où l'état-major du parti continue à analyser la composition du futur Parlement.
Avec 149 sièges sur 300, Syriza frôle la majorité absolue, à deux sièges près. Au bout de la nuit, les bruits de couloir faisaient état d'une éventuelle alliance avec le mouvement souverainiste de droite des Grecs Indépendants.
Si elle se confirmait, cette combinaison enverrait le signal que le futur gouvernement d'Alexis Tsipras est prêt à transiger sur certains points de politique domestique afin de renforcer sa marge de manoeuvre face à ses bailleurs de fonds internationaux. De quoi effectivement secouer le quartier européen de Bruxelles.