Pour son premier déplacement officiel depuis son élection, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou rencontre lundi le président Hosni Moubarak pour tenter de convaincre l'Égypte de faire front commun contre l'Iran.
AFP - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'entretient lundi à Charm el-Cheikh, en Egypte, avec le président Hosni Moubarak de l'Iran et du processus de paix, pour sa première visite à l'étranger depuis son entrée en fonctions le 1er avril.
Malgré de profondes divergences sur un règlement de paix au Proche-Orient, M. Netanyahu devrait tenter de convaincre l'Egypte de faire front contre l'Iran, avant sa visite le 18 mai à Washington.
Les relations entre le Premier ministre israélien, un "faucon", et M. Moubarak étaient tendues lors du premier mandat de M. Netanyahu de 1996 à 1999, mais l'Egypte est le seul Etat arabe avec la Jordanie à avoir signé la paix avec l'Etat hébreu.
"Nos deux pays sont confrontés à la menace de l'Iran et de ses agents au Proche-Orient. Nos deux pays ont un intérêt commun à renforcer la stabilité dans la région et à faire avancer le processus de paix", a déclaré dimanche à l'AFP un haut responsable israélien.
M. Moubarak attend pour sa part que M. Netanyahu explique la "nouvelle vision israélienne" concernant le processus de paix, selon le quotidien gouvernemental égyptien Al-Ahram.
Le président égyptien doit insister sur "la nécessité pour Israël de respecter les décisions internationales concernant le processus de paix, en particulier les résolutions de l'ONU, la Feuille de route et les décisions d'Annapolis", d'après le journal.
Il demandera également qu'Israël "respecte le principe de la solution de deux Etats", palestinien et israélien, et exhortera l'Etat hébreu à "cesser les pratiques de judaïsation de Jérusalem et (...) la colonisation".
Le Caire soutient la création d'un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza après un retrait d'Israël des territoires conquis en 1967, et exige l'arrêt de la colonisation ainsi qu'un retrait d'Israël du plateau syrien du Golan.
Le gouvernement Netanyahu écarte ces retraits, n'envisage pas la création d'un Etat palestinien souverain et entend poursuivre la colonisation en Cisjordanie.
Mais l'écart est moins grand sur l'Iran.
Les relations entre Le Caire et Téhéran, déjà tendues, se sont encore dégradées après l'annonce par l'Egypte en avril du démantèlement d'une "cellule" du Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran, accusée d'avoir planifié des attaques sur le sol égyptien.
Pour M. Netanyahu, le "programme nucléaire iranien est l'obstacle majeur à la paix au Proche-Orient".
"Si l'Iran devient une puissance nucléaire, il forcera les pays arabes à s'allier avec lui, et son régime extrémiste qui aspire à éliminer Israël ne permettra pas aux Etats arabes de normaliser leurs relations" avec Israël, a-t-il averti.
Le gouvernement israélien estime possible de renforcer les liens avec des pays arabes comme l'Egypte et la Jordanie face à l'Iran, en dépit de son refus de compromis avec les Palestiniens et la Syrie.
A Charm el-Cheikh, M. Netanyahu sera accompagné du ministre travailliste de l'Industrie et du Commerce Binyamin Ben Eliezer, mais non du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, dirigeant du parti d'extrême droite Israël Beiteinou.
M. Lieberman avait provoqué une polémique avec Le Caire en affirmant en octobre, alors qu'il était dans l'opposition, que M. Moubarak pouvait "aller au diable" en raison de son refus d'effectuer une visite officielle en Israël.
Il a adopté un langage plus diplomatique après son entrée en fonctions, mais son homologue égyptien Ahmed Aboul Gheit a récemment proclamé qu'il ne lui serrerait pas la main.