La police belge a mené un raid, jeudi soir, qui s'est soldé par la mort de deux jihadistes présumés. Le groupe auquel ils appartenaient s'apprêtait à commettre des attentats pour "tuer des policiers" selon un substitut du parquet fédéral.
Une vaste opération antiterroriste a été menée par la police, jeudi 15 janvier, dans plusieurs villes de Belgique, et s'est soldée par la mort de deux jihadistes présumés de retour de Syrie. Le parquet fédéral a annoncé, vendredi 16 janvier, que 15 personnes ont été arrêtées, dont cinq inculpées pour terrorisme, dans le cadre du démantèlement d'une cellule, qui s'apprêtait à commettre des attentats pour "tuer des policiers".
Par ailleurs, la Belgique a annoncé qu'elle demandera l'extradition de deux ressortissants belges interpellés en France dans le cadre de cette enquête, a précisé un substitut du procureur, Thierry Werts. "Le groupe était sur le point de commettre des attentats terroristes, notamment en tuant des policiers sur la voie publique et dans les commissariats", a-t-il précisé.
La veille, le Premier ministre belge Charles Michel avait tenu dans la soirée, une réunion de crise. "Le gouvernement est déterminé à combattre ceux qui veulent semer la terreur. La peur doit changer de camp", a-t-il affirmé. "Nous n'avons pas connaissance de menaces concrètes ou spécifiques à venir", a-t-il ajouté. Mais le niveau d'alerte a toutefois été relevé à 3, sur une échelle maximum de 4, pour l'ensemble du Royaume.
L'opération de la police belge a été menée une semaine après la mort de 17 personnes dans trois attentats perpétrés en France par trois jihadistes français contre le journal satirique "Charlie Hebdo" et un supermarché casher à Paris.
Un groupe "sur le point de commettre des attentats d'envergure"
La principale intervention a été lancée peu avant 18h00 (17h00 GMT) à Verviers, dans l'est du pays. Elle visait un groupe "sur le point de commettre des attentats d'envergure en Belgique, et ce, de façon imminente", a expliqué au cours d'une conférence de presse un substitut du parquet fédéral, Thierry Werts.
Les suspects "ont ouvert le feu au moyen d'armes de guerre et d'armes de poing", dont certaines de type Kalachnikov, a-t-il précisé. Même blessés et au sol, ils ont continué à tirer. "Deux suspects sont décédés, un troisième a été interpellé sur place. Aucun témoin ou policier n'a été blessé".
Au total, une dizaine de perquisitions ont eu lieu dans le pays, principalement à Bruxelles et dans ses environs. Elles visaient "une cellule opérationnelle" dont les cibles étaient les forces de police, a précisé le parquet. "Aucun lien n'a été établi à ce stade avec les attentats de Paris", a précisé le substitut du procureur Eric Van Der Sijpt.
L'intervention a été déclarée terminée vers 22h00 (21h00 GMT). Les abords du bâtiment où a eu lieu la fusillade ont été protégés par une bâche pour permettre à la police scientifique d'opérer. Quatre Kalachnikov et du matériel permettant de fabriquer des explosifs ont été saisis.
Les opérations étaient toujours en cours à Bruxelles vendredi à 00h30 (23h30 GMT), a indiqué le parquet. "Le travail le plus important est fait, mais des arrestations sont encore attendues" dans le pays, a expliqué à l'AFP Eric Van der Sijpt.
Verviers, l'un des principaux foyers de radicalisation islamiste en Belgique
La Belgique a déjà été la cible d'un attentat en mai 2014, lors d'une attaque menée contre le musée juif de Bruxelles qui avait fait quatre morts. Le Français Mehdi Nemmouche, revenu de Syrie quelques mois plus tôt, a été inculpé en Belgique après avoir été arrêté à Marseille.
Les responsables de la communauté juive ont décidé d'annuler les cours et de fermer les écoles vendredi à Anvers et à Bruxelles, après avoir été informés qu'elles étaient des cibles potentielles, selon le site Joods Actueel.
Les suspects de Verviers étaient trois jeunes Belges partis combattre en Syrie et revenus il y a une semaine, ont indiqué les médias, citant des sources policières. Ils avaient été mis sur écoute par la police.
Selon les données officielles, plus de 330 ressortissants sont partis combattre en Syrie, où 50 sont morts. Cent un sont revenus en Belgique.
Verviers est considéré, avec certains quartiers et banlieues de Bruxelles, comme l'un des principaux foyers de radicalisation islamiste en Belgique. Selon une source judiciaire, l'opération menée jeudi était "une opération belge, sans lien avec des opérations dans d'autres pays".
La justice cherche en outre à déterminer s'il existe des liens entre Amédy Coulibaly, l'un des trois auteurs des attaques de Paris, et un trafiquant d'armes présumé domicilié en Belgique. Selon le parquet fédéral, il est établi que cet homme, déjà connu de la justice pour divers trafics, avait racheté la voiture de Hayat Boumeddiene, la compagne de Coulibaly.
Avec AFP