Depuis que "Je suis Charlie" est devenu le cri de ralliement pour honorer la mémoire des victimes de l’attentat contre "Charlie Hebdo", nombreux sont ceux qui veulent se l’approprier. Pour le protéger ou l’exploiter à des fins commerciales.
C'est de loin le slogan le plus utilisé actuellement. "Je suis Charlie" a été scandé lors de rassemblements dans le monde entier pour honorer la mémoire des victimes de l’attentat du 7 janvier contre "Charlie Hebdo". Sur Twitter, le hashtag #jesuischarlie a été utilisé plus 3,7 millions de fois en deux jours après le drame.
Le message et l'image sont libres de toute utilisation en revanche je regretterais toute utilisation mercantile. #Jesuischarlie
— joachim (@joachimroncin) 8 Janvier 2015Ce sont donc un slogan et un logo porteurs. Surtout que leur créateur, le directeur artistique de la revue "The Stylist", avait bien indiqué que le message et l’image étaient “libres de toute utilisation”. Il avait ensuite précisé dans un tweet qu’il regretterait toute utilisation mercantile de sa création. Mais les regrets n’engagent que ceux qui les ont…
Des étuis à lunettes "Je suis Charlie" ?
Ainsi, l’Inpi (Institut national de la protection intellectuelle) avait reçu, lundi 12 janvier, plus de 50 demandes de dépôt de marque "Je suis Charlie", auxquelles elle a adressé une fin de non-recevoir. L'une d'entre elles, déposées dimanche 11 janvier, couvre "tous les appareils et instruments scientifiques" ce qui inclut, notamment, les étuis de lunette ou les balances.
Mais cela ne veut pas dire que des hordes de produits "Je suis Charlie" vont être commercialisées. Un dépôt de marque peut aussi viser à la protéger contre son exploitation mercantile. Il faudra attendre quelques semaines pour en savoir plus sur les motivations des déposants, car les informations sur leur identité ne sont publiées qu’un mois après, rappelle la chaîne BFMTV.
Jusque là, les tentatives de surfer commercialement sur ces trois mots se sont heurtées à l’émotion nationale. Des casquettes, stylos ou encore porte-clés "Je suis Charlie" sont rapidement apparus sur eBay. Bronca quasi-immédiate des internautes et flop des offres. D'autres cherchent à écouler à prix d’or d’anciens numéros de "Charlie Hebdo". Le site d’enchères en ligne a publié, dès vendredi 9 janvier, un communiqué assurant que tous les bénéfices d’éventuelles transactions seront reversés au journal satirique.
Le commerce de T-shirts "Je suis Charlie" a, lui, bien vu le jour... Mais, selon la plupart des revendeurs, il s’agirait avant tout d’un acte de solidarité. Ainsi, les responsables d’un magasin de vêtements et accessoires imprimés du sud de Paris avaient noté, dès le premier rassemblement parisien mercredi 7 janvier, qu’il "y avait une demande". Ils ont alors longuement réfléchi avant de se décider à franchir le pas. Ils ont décidé de faire des T-shirts et sacs en coton "Je suis Charlie" à prix coûtant, pour essayer justement d’éviter qu’un "business" se développe autour de cet événement tragique.
Déclinaisons sur le Net
Sur Internet, il n’y a plus un seul nom de domaine "Je suis Charlie" qui n’ait pas été réservé. Jesuischarlie.com a été acheté dès le 7 janvier et les autres extensions (.fr, .net etc.) ou dérivées (je-suis-charlie) ne sont plus non plus disponibles, sans qu’il soit toujours possible de dire quelles sont les intentions de ceux qui ont acquis ces adresses.
Pour certaines, c’est assez clair. Je-suis-charlie.fr permet d’allumer une bougie virtuelle avec un message de soutien au journal satirique, tandis que estcharlie.com donne la possibilité de personnaliser le célèbre slogan en remplaçant le "je" par son propre nom.
Mais certains sites sont "en cours de construction". Dans ces cas-là, il est possible que des internautes peu scrupuleux aient réservé l'adresse pour la revendre au plus offrant. Ce n'est pas le cas de je-suis-charlie.paris, selon Guilhem De Pampelonne qui a déboursé une trentaine d’euros, le week-end dernier, pour cette adresse. "Je n'ai pas vraiment réfléchi à ce que j'allais en faire, mais je me suis dit que j’allais l’acquérir avant que quelqu’un d’autre le fasse", explique à France 24 ce Parisien, responsable d’une agence de communication et d’événementiel. Pour l’heure, il penche plutôt vers une sorte de "livre d’or" pour recueillir des témoignages en ligne.
La question se pose aussi pour jesuischarlie.org ou encore jesuischarlie.biz. Cette dernière extension est normalement réservée à des sites professionnels ou commerciaux. Celui qui a acquis cette adresse s’est donné la peine de passer par un service (payant) permettant de masquer la véritable identité du propriétaire du site. De quoi susciter des doutes sur les ses véritables desseins.