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Le film "Exodus" interdit au Maroc

Le Maroc a déprogrammé la sortie en salle du péplum "Exodus" de Ridley Scott, prévue pour le 24 décembre. Menacés de fermeture, la plupart des exploitants marocains ont appliqué l’ordre "oral" reçu par le Centre cinématographique marocain.

Le nouveau film de Ridley Scott "Exodus : Gods and Kings" a été "déprogrammé" à la dernière minute des cinémas au Maroc, ont rapporté jeudi 25 décembre plusieurs exploitants de salles dans le pays. Cette fresque biblique, qui retrace la fuite hors d'Égypte de Moïse, n’est pas du goût du Centre cinématographique marocain. La polémique religieuse suscitée dans le monde arabe par la superproduction américaine pourrait être à l’origine de ce revirement.

Mercredi, jour de la sortie supposée au Maroc de ce péplum, certains exploitants de salles de cinéma à Rabat et Casablanca ont reçu la visite de "délégations du Centre cinématographique marocain (CCM)", d’autres ont reçu un ordre "oral" demandant de "déprogrammer" le film, selon le site d'informations medias24.

"On m'a appelé pour me menacer de fermeture si jamais je ne déprogrammais pas ce film", a expliqué au média marocain l'exploitant du cinéma Rif à Casablanca, Hassan Belkady. "Nous sommes tristes et désolés de ce genre de décisions au Maroc", pouvait-on lire sur la page Facebook de son cinéma jeudi.

Un petit exploitant de salle résiste

Selon la direction du cinéma "La Renaissance" à Rabat, citée par le site du magazine TelQuel, "l'interdiction" du film est "effective sur tout le territoire marocain". Une information que confirme un message posté sur les réseaux sociaux par le cinéma Imax à Casablanca qui explique que "l'annulation de la diffusion" est valable sur "le territoire marocain".

Pourtant, un petit exploitant de salle résiste, le cinéma le Colisée à Marrakech qui maintient la projection du film en attendant un avis écrit du CCM.

Face aux accusations de censure, le directeur du CCM, Sarim Fassi-Fihri, explique qu'il s'agit là d'une décision de la "commission de contrôle" des films. Mais le directeur n’a pas souhaité s'exprimer sur les raisons justifiant cette interdiction.

"Exodus: Gods and Kings" avait pourtant dans un premier temps reçu le "visa d'exploitation", délivré par le CCM, signifiant un feu vert pour sa diffusion en salles, selon medias 24.

Un exploitant de salles a confié au site marocain avoir reçu des appels insistants et "paniqués" du CCM, qui révèlent selon lui le manque de préparation des agents "dépassés". "Ils me disaient que le film ferait trop de bruit, et que même Al-Jazira a déjà commencé à en parler, il faut absolument le déprogrammer" a-t-il raconté à médias24.

Polémique dans le monde arabe

Une des raisons à l'origine de cette décision d’après le quotidien "Akhbar al-Yaoum", pourrait être la polémique suscitée dans le monde arabe par la production américaine, qui remet en cause "le miracle de Moïse, qui a séparé la mer en deux avec un bâton", ou selon médias24, la représentation du prophète Moïse dans le film. Al-Jazira avance que la représentation de Dieu dans une scène du film, sous les traits d’un enfant qui parle à Moïse, aurait posé problème.

La fresque de Ridley Scott a d'ailleurs été interdite de diffusion en Égypte, à cause "d'imprécisions historiques et religieuses", annonce le site égyptien youm7.

>> À lire sur France 24 : "Exodus" : la superproduction biblique 100 % héros blancs

Le film avait suscité une polémique tout autre sur les réseaux sociaux aux États-Unis, où il a dérangé pour des raisons raciales : la prédominance d'acteurs blancs pour jouer le rôle de Moïse et du pharaon a choqué, en comparaison aux acteurs noirs campés dans des rôles d'esclaves et de voleurs. Malgré tout, le peplum en 3D a tout de même cumulé 38,9 millions de dollars de recettes en deux semaines aux États-Unis, selon la société spécialisée Exhibitor Relations.

Copies pirates

L’interdiction du péplum dans les cinémas marocains ne devrait toutefois pas freiner la diffusion du film qui est "déjà disponible sur le marché pirate", d’après Hassan Belkady, exploitant du cinéma Rif à Casablanca, sité par TelQuel.

Une mauvaise nouvelle pour les salles de cinéma marocaines, déjà menacées de fermeture à cause de la raréfaction des spectateurs et du piratage des œuvres cinématographiques. Un paradoxe alors que le pays est devenu une terre d'accueil pour le tournage de productions cinématographiques étrangères, dont "Kingdom of Heaven" précédent film de Ridley Scott, un habitué des tournages au Maroc.

Avec AFP

Tags: Maroc, Cinéma,