Le dalaï-lama a accordé un entretien exclusif à France 24. Selon lui, le nouveau pouvoir chinois est plus conciliant avec la cause tibétaine et pourrait prochainement pencher en faveur d’une autonomie de la province.
C’est un dalaï-lama résolument optimiste qui a accordé un entretien à France 24. Le chef spirituel des bouddhistes tibétains a bon espoir que les relations avec la Chine s’améliorent prochainement. Il assure même qu’il pense pouvoir assister de son vivant à "l’autonomie du Tibet". "C’est un sujet politique, si les dirigeants changent, développent une pensée plus réaliste, ces choses-là peuvent changer en une semaine."
C’est notamment l’approche "réaliste" du président chinois Xi Jinping qui suscite l’espoir du 14e dalaï-lama. Les relations avec la Chine sont interrompues depuis 2010, mais les récentes sorties du leader chinois vont dans le bon sens, selon lui. "Quand il est venu en France, il a dit que le bouddhisme avait un rôle très important à jouer dans la préservation de la culture chinoise. C’est inhabituel de la part d’un communiste, qui est considéré comme quelqu’un d’athée. Que le dirigeant du parti athée […] fasse des louanges au bouddhisme, c’est nouveau."
Le récipiendaire du prix Nobel de la paix en 1989 déplore toutefois que "l’establishment chinois" compte encore "beaucoup de tenants de la ligne dure, qui mettent Xi Jinping dans une situation difficile."
Si les choses s’arrangent dans un futur proche, le dalaï-lama annonce sa volonté de se rendre en Chine. "C’est mon souhait de faire un pèlerinage dans les sites bouddhistes importants de Chine". Mais là encore, il assure recevoir des "signaux contradictoires" de la part de Pékin.
"De la violence au nom de la foi bouddhiste, c’est insoutenable"
Interrogé sur les violences qui ont eu lieu récemment en Birmanie et qui ont impliqué des moines bouddhistes, il assure qu’il s’agit d’un "sujet grave". Le pays, à 90 % bouddhiste, voit une recrudescence des attaques contre les musulmans Rohingya par certains moines bouddhistes, qui disent vouloir protéger leur religion de l'islam. Le dalaï-lama tient tout d’abord à rappeler qu’il considère l’islam comme "une religion de paix", avant de condamner fermement ce qu’il considère toujours comme des "actes isolés". "De la violence au nom de la foi bouddhiste, c’est insoutenable", a insisté le dalaï-lama, qui s'est entretenu à ce sujet avec une autre lauréate du prix Nobel de la paix, Aung Sann Suu Kyi, figure de la lutte pour la démocratie en Birmanie et actuellement députée.
Quant à la récente annulation de son entrevue avec le pape François, le dalaï-lama se dit "un peu déçu". Il indique voir la main de Pékin dans le fait que plusieurs responsables politiques refusent de le rencontrer, comme ce fut le cas en mai 2014 avec le Premier ministre norvégien. Mais il rappelle qu’il a décidé en 2011 de se désengager totalement de ses responsabilités politiques et qu’il se considère désormais uniquement comme une "personne spirituelle".
"Les gouvernements eux-mêmes ne peuvent pas faire grand-chose, c’est l’opinion publique qui est importante. Notamment pour la préservation de la culture bouddhiste, de la culture de paix."