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Le patron de la CIA John Brennan a reconnu, jeudi, que certains de ses agents avaient utilisé des méthodes d'interrogatoire "répugnantes" après le 11-Septembre, tout en défendant le travail de son agence.

C'est un exercice rare auquel s'est livré le patron de la CIA, jeudi 11 décembre. John Brennan a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a reconnu que certains de ses agents avaient utilisé des méthodes d'interrogatoire "répugnantes" après le 11-Septembre. Le directeur de l'agence de renseignement américaine a cependant défendu le travail de ses troupes dans une période difficile marquée par "la peur de nouvelles attaques".

Lors de cette conférence de presse exceptionnelle au siège de la CIA, il a par ailleurs estimé qu'il était "impossible" de savoir si les informations obtenues grâce aux techniques d'interrogatoire poussées (EIT) auraient pu l'être "par d'autres moyens".
Ces déclarations font suite au rapport, publié mardi par le Sénat américain, qui a provoqué une onde de choc à travers le monde.

Le document décrit avec force détails comment des détenus ont été attachés pendant des jours dans l'obscurité, plongés dans des bains glacés, ou encore privés de sommeil pendant une semaine. Khaled Cheikh Mohammed, cerveau présumé du 11-Septembre, ingérait tellement d'eau pendant ses séances de "waterboarding" (simulation de noyade) qu'il a fini "quasiment noyé", souligne le document.

Le "waterboarding", fréquemment dénoncé par les défenseurs des droits de l'Homme, n'en avait pas moins été approuvé au plus haut niveau comme méthode d'interrogatoire à l'époque du président George W. Bush.

"Nous n'étions pas préparés"

Refusant d'utiliser le mot "torture" - "je laisse à d'autres le soin de qualifier ces activités" -, John Brennan a reconnu que la CIA avait "navigué en terrain inconnu" après les attentats du 11 septembre 2001.

"Nous n'étions pas préparés", a-t-il admis lors de cette conférence de presse retransmise en direct à la télévision, un événement inédit. "Nous avions peu d'expérience dans la détention de prisonniers et peu d'agents avaient été formés aux interrogatoires"

Dans un nombre de cas limités, des agents ont utilisé des techniques d'interrogatoire "qui n'avaient pas été autorisées et étaient répugnantes", a-t-il ajouté. Le patron de la CIA a par ailleurs admis que l'utilisation de méthodes coercitives avait "de fortes chances" d'aboutir à des informations erronées, assurant que de nombreuses réformes avaient été menées pour éviter que ce type de dérives ne se reproduise.

Barack Obama, qui a mis fin à ce programme dès son arrivée à la Maison Blanche en 2009, a jugé que les méthodes utilisées sur les détenus, "que toute personne honnête devrait considérer comme de la torture", étaient contraires aux valeurs des États-Unis.

Avec AFP