
En visite à Ankara, la chef de la diplomatie européenne a souhaité que l'UE et la Turquie "alignent" leurs positions pour contrer la menace de l'organisation de l'État islamique et le flux de jihadistes transitant par le territoire turc.
Face à la menace toujours grandissante que représente les candidats européens au jihad, la chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Federica Mogherini, s'est rendue en Turquie, réputée pour être un point de passage vers la Syrie. Accompagnée des commissaires européens à l'Élargissement et à l'Aide humanitaire, elle a rencontré, lundi 8 décembre, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre Ahmet Davutoglu et le ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.
Depuis Ankara, Frederica Mogherini a déclaré que l'Union européenne et la Turquie doivent mieux "aligner" leurs positions pour faire face à la menace de l'organisation de l'État islamique, en Syrie et en Irak. Elle a notamment souhaité que le partage de renseignements entre Turcs et Européens s'améliorent, afin d'endiguer le flux de combattants étrangers ralliant l’EI.
"Du travail a été fait"
"Nous avons discuté de la situation des combattants étrangers. Une bonne coordination et une bonne stratégie pour endiguer le flux [de ces combattants] dans les deux sens, font partie de nos intérêts communs", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue d'entretiens avec les dirigeants turcs à Ankara. Le nombre de ressortissants de pays de l’UE qui se sont rendus dans ces deux pays pour combattre aux côtés d’organisations comme l’EI est estimé à plusieus milliers. Bon nombre de candidats ont transité par la Turquie, à qui certains reprochent de ne pas mieux contrôler ses 1 200 kilomètres de frontière avec l'Irak et la Syrie.
>> À lire sur France 24 : "Jihad : une mère attaque la France après le départ de son fils en Syrie"
"Du travail a été fait ces dernières semaines, avec des avancées positives dans le partage de renseignements et la coordination. J'espère que cela donnera des résultats positifs dans les jours et semaines à venir", a ajouté la nouvelle Haute représentante de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité commune.
Frederica Mogherini a appelé à s'attaquer au problème syrien "à la racine" pour trouver une solution, exprimant son soutien à la mission de l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura. Ce dernier doit rencontrer prochainement en Turquie les dirigeants rebelles qui combattent le régime du président syrien Bachar al-Assad.
Ankara doit "améliorer son alignement" sur la politique étrangère de l’UE
La visite de la chef de la diplomatie européenne – qui doit s’achever mardi – vise également à relancer les négociations entre l'UE et la Turquie, qui souhaite rejoindre les 28 pays membres. Engagées en 2005, elles piétinent en raison notamment de la division de Chypre et des réticences de certains, comme la France et l'Allemagne.
La diplomate italienne a noté qu’Ankara avait souscrit à moins d’un tiers des positions prises récemment par l’UE en matière de politique étrangère contre environ 80 % par le passé. "Nous devons améliorer notre alignement sur la politique étrangère et la politique de sécurité. Il n’a jamais été aussi faible et cela est un problème pour l’Union européenne, mais c’est surtout un problème pour la Turquie", a déclaré la représentante de l’Union devant la presse.
"Cette visite est un signal fort de l’importance stratégique de la relation entre l’UE et la Turquie et de notre désir d’intensifier notre engagement", avait souligné Frederica Mogherini dans un communiqué au cours du week-end.
Avec AFP et Reuters