
L'épidémie d'Ebola assombrit les perspectives de croissance en Sierra Leone et en Guinée. D'après les projections de la Banque mondiale, ces deux pays entreront en récession en 2015. Le Liberia est épargné, avec une prévision revue à la hausse.
La crise provoquée par la propagation du virus Ebola va faire plonger en récession la Sierra Leone et la Guinée en 2015, deux pays qui étaient promis à une solide croissance économique avant le déclenchement de l'épidémie, a annoncé la Banque mondiale, mardi 2 décembre.
Principale victime économique, la Sierra Leone devrait voir son produit intérieur brut se replier de 2,0 % tandis que la contraction devrait être plus ténue en Guinée avec un repli de -0,2 %, selon les prévisions de l'institution, la première à prédire une récession dans ces deux pays déjà gangrenés par la pauvreté.
En octobre, la Banque mondiale prévoyait encore pour 2015 une croissance robuste en Guinée (+2,0 %) et surtout en Sierra Leone (+7,7 %), qui émerge tout juste de plusieurs années de guerre civile.
Mais l'épidémie d'Ebola qui s'est propagée en Afrique de l'Ouest depuis août, faisant près de 6 000 morts, a plombé l'activité, freiné les investissements et assombri les perspectives de croissance.
Le Liberia s’en sort
Paradoxalement, le Liberia qui déplore le plus grand nombre de morts dus à Ebola - plus de 3 100 - s'en sort légèrement mieux que ses voisins au niveau économique et bénéficie d'une "forme de regain d'activité", selon la Banque mondiale. Le pays est épargné en raison des "progrès" dans la lutte contre l'épidémie.
Ainsi le Libéria voit ses prévisions de croissance revues à la hausse depuis octobre, de 1,0 % à 3,0 %, même si ces projections restent nettement inférieures à celles ayant cours avant le début de l'épidémie (6,8 %), selon le rapport.
Le coût d’Ebola : un demi-milliard de dollars
Au total, d'après la Banque mondiale, le coût de l'épidémie pour les finances publiques des trois pays touchés s'élève déjà à près d'un demi-milliard de dollars et creuse d'importants "trous" dans leur budget. Dans son rapport, la Banque note que sa précédente estimation d'un coût total de l'épidémie en cas de propagation dans la région de 32 milliards de dollars reste "d'actualité". "L'épidémie n'est toujours pas sous contrôle", insiste la Banque mondiale.
"À mesure que nous accélérons notre réponse sanitaire, la communauté internationale doit faire tout ce qu'elle peut pour aider les pays touchés à reprendre la route de la reprise et du développement économiques", a déclaré le président la Banque mondiale, Jim Yong Kim Kim, dont l'institution a promis un milliard de dollars pour enrayer Ebola.
Pour se concentrer sur la lutte contre Ebola, ces pays ont par ailleurs dû réduire leurs investissements publics à hauteur de 160 millions de dollars, "sapant les perspectives de croissance futures", prévient l’institution.
L'OMS revoit le bilan à la baisse
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué, lundi 1er décembre, qu'une "erreur" avait été commise concernant le dernier bilan Ebola publié le 29 novembre dernier, et a ramené le bilan des décès à près de 6 000 morts.
"Il y a eu une erreur portant sur 1 000 morts, le bilan des morts au Liberia est en fait de de 3 145 décès", et non pas de 4 181 morts, comme indiqué par erreur samedi dernier, a indiqué lundi l'OMS.
De ce fait, le total des décès dû à Ebola est proche de 6 000 morts, et non plus proche des 7 000 comme indiqué samedi dernier par erreur.
Au 28 novembre, il y a eu 2 155 cas en Guinée, dont 1 312 morts, 7 635 cas au Liberia, dont 3 145 morts, et 7 109 cas en Sierra Leone, dont 1 530 morts.
L'OMS a indiqué le 1er décembre qu'elle pensait pouvoir "prendre le dessus sur Ebola" après avoir atteint un premier objectif, avec près de 70% d'inhumations sûres des victimes du virus dans les trois pays les plus touchés.
Avec AFP