
Le procès des deux Français, accusés d'avoir renversé et tué l’Israélienne Lee Zeitouni en 2011 à Tel Aviv, a été reporté au 3 décembre suite à l'agression, jeudi, d'un des avocats de la défense. Une première audience tendue.
Il faudra encore attendre quelques jours pour voir se terminer les débats sur la mort de l’Israélienne Lee Zeitouni, fauchée par la voiture d’Eric Robic et Claude Khayat lancée à toute vitesse dans les rues de Tel-Aviv. Le procès a débuté, jeudi 27 novembre, dans une ambiance très tendue. Et il a été renvoyé au 3 décembre, après que l’avocat de l’un des deux suspects, Me Régis Méliodon, a été agressé dans l’enceinte même du Palais de justice de Paris.
L’homme, qui défend le passager de la voiture Claude Khayat, a été frappé au visage, lors d’une suspension d’audience, par un individu qui n’a pu être rattrapé. Me Méliodon a par la suite été transporté à l’hôpital. "Cet événement illustre bien la violence dont ont été victimes les prévenus durant trois ans", a sitôt lancé Me Françoise Cotta, l’avocate d’Eric Robic, conducteur du véhicule au moment des faits.
Ce coup de poing est en tout cas révélateur de l’atmosphère qui plane autour de l’affaire Zeitouni, dans laquelle tout est histoire de choc. Entre un bolide clinquant et une piétonne. Entre deux malfrats alcoolisés, condamnés depuis pour escroquerie, et une jeune fille de bonne famille, professeur de gym et de yoga se rendant au travail de bonne heure. Mais cette affaire est également un choc entre la France, pays qui n’extrade pas ses ressortissants et dans lequel les prévenus se sont réfugiés, et Israël, État réputé très sévère envers les crimes de la route.
Ces ingrédients ont fait de ce procès un événement hautement médiatique. Ainsi se pressaient jeudi, dans une salle d’audience pleine à craquer, quelque 65 personnes venues pour la plupart de l’État hébreu en soutien aux proches de la victime, des représentants du Crif, un ancien ambassadeur de France en Israël ainsi que de nombreux curieux.
"Lâcheté"
Jugés respectivement pour homicide involontaire avec circonstances aggravantes et non assistance à personne en péril, Eric Robic et Claude Khayat sont habitués des méfaits et des tribunaux. Toutefois, dans les versions qu’ils fournissent du drame, les deux suspects pêchent par amateurisme, contredisant eux-mêmes leurs témoignages et se perdant dans leurs souvenirs.
Après avoir renversé la jeune fille, les deux hommes amateurs de jeux d’argent ont fui par "lâcheté", selon leurs propres mots, cédant à la peur et à la panique d’être jugés dans un pays qui n’est pas le leur. Les deux comparses, aujourd’hui en froid, ont rejoint la France avec le premier vol, via la Suisse - une "immaturité" fustigée par le président de la cour. Une fois en France, les deux hommes, qui se disent hantés par le souvenir de l’accident, ont contacté la police française pour avouer leur acte. Claude Khayat assure avoir beaucoup de regrets et penser chaque jour au drame et demande pardon à la famille de la "princesse" Lee Zeitouni. Eric Robic, biceps saillants sous son pull, raconte lui son effondrement. L’homme à l’état psychologique fragile, aurait perdu beaucoup de poids et est sujet à des insomnies depuis le drame.
"Je voudrais revenir en arrière et la leur ramener, mais je ne peux pas, j'en fais des cauchemars la nuit, et même le jour si vous voulez tout savoir", glisse Eric Robic, affirmant ne pas avoir la force de croiser le regard de la mère de Lee Zeitouni.
Mais les individus, qui encourent respectivement jusqu’à dix et cinq ans de prison, sont en réalité des boules de nerfs dont les bonnes intentions volent rapidement en éclats. Comme lorsque, interrogé par l’avocat de la partie civile, Me Gilles-William Goldnadel, Eric Robic explose : "Vous dîtes tellement de bêtises." Ou quand Roy Peled, le fiancé de la défunte, témoigne à la barre, et provoque l’ire de Claude Khayat : "Vous êtes un menteur !", lui jette ce dernier.
Quadragénaire aux gestes vifs et à l'élocution difficilement intelligible, Eric Robic finit par se placer en victime. "Cela fait trois ans que je me fais attaquer de partout, on me fait passer pour un menteur", lance-t-il d’une voix puissante et grave. "J’ai dû changer mes enfants deux fois d’école parce qu’on leur disait que leur papa est un criminel", déclare pour sa part Claude Khayat.
Seul moment de réelle émotion : le témoignage sanglotant des parents de Lee Zeitouni. "Notre fille était quelqu’un de merveilleux. Elle nous manque. Nous voulons que les conducteurs du véhicule qui l’a tuée assument leurs responsabilités."