
Le pape François a adressé mardi au Parlement européen un "message d’espoir" à une Europe "vieillie" où "la solitude se répand". Son discours, axé sur l'immigration et la lutte contre la pauvreté, a été largement applaudi par les députés.
Depuis 1998 et la visite de Jean-Paul II, aucun pape n'avait fait le déplacement jusqu'au Parlement européen, à Strasbourg. Mardi 25 novembre, le pape François y a effectué une visite éclair de quatre heures, au cours desquelles il s'est adressé aux députés européens. En 16 ans, "beaucoup de choses ont changé", a-t-il commencé.
Pendant son discours d’une trentaine de minutes, le pape François a présenté un continent européen "vieilli, moins acteur, et perçu avec une certaine distance et forme de suspicion". "L’Europe désire se déployer à la hauteur de ses dimensions géographiques, et ce souhait doit pouvoir se réaliser", a-t-il ajouté.
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Un discours axé sur les valeurs humaines
Sur le plateau de France 24, Caroline de Camaret, spécialiste des questions européennes a jugé le discours du pape très "géopolitique", au cours duquel il a notamment insisté sur la question de l’immigration.
"On ne peut pas tolérer que la Méditerranée ne devienne un grand cimetière", a-t-il martelé, en référence aux multiples naufrages d'embarcations d'immigrants clandestins. Il est nécessaire, a-t-il asséné, d’apporter une réponse globale au problème des flux migratoires.
Une expression est revenue à plusieurs reprises dans le discours du pape : la notion de "la confiance en l’homme". "Trop de situation subsistent sur ce continent où les êtres humains sont traités comme des objets" a rappelé François en érigeant la "dignité et les droits inaliénables" des individus en dogme.
"Des dents ont grincé à droite, comme à gauche"
"Des dents ont dû grincer à droite comme à gauche, a commenté Caroline de Camaret. À droite car le pape a eu un discours très solidaire envers les migrants [qui s'est rendu à Lampedusa au lendemain du naufrage du 5 octobre, NDLR] et réclamé une politique d’immigration 'plus solidaire'. À gauche, parce qu’il a affirmé - sans utiliser les mots 'euthanasie' ou 'avortement' - la position de l’Église sur ces thèmes, en expliquant que les humains ne devaient pas être considérés 'comme des objets'".
"C’est votre devoir de diffuser un message de 'confiance et de paix' aux citoyens européens", a déclaré le pape François, en incitant les députés à ne pas suivre la voie d’une Europe "qui tourne autour de l’économie" mais "des valeurs qui sont les siennes".
Selon Caroline de Camaret, le pape a marqué son territoire face au Parlement européen : "Lors de la rédaction du traité pour une Constitution européenne, l’Église avait bataillé pour faire inscrire dans le texte les valeurs chrétiennes de l’Europe. Elles n’avaient finalement pas été inclues dans le texte final, en 2007. Aujourd’hui, en rappelant que 'le patrimoine laissé par l’Église [était] un ensemble de valeur essentielles' pour l’avenir de l’Europe, le pape a adressé un message très clair à l’Union européenne : elle doit s'appuyer sur les valeurs catholiques pour avancer".