
Un grand jury populaire a décidé, lundi soir, de ne pas engager de poursuites pour meurtre contre le policier à l'origine du décès d'un jeune noir à Ferguson, en août dernier, faute de preuves à l'encontre de l'officier Darren Wilson.
Le grand jury populaire chargé de statuer dans l’affaire de Ferguson a décidé de ne pas inculper le policier blanc Darren Wilson auteur des coups de feu mortels contre un jeune noir, Michael Brown. Au terme des auditions, les jurés ont déterminé "qu’il n’y avait pas de raison suffisante pour intenter des poursuites contre l’officier Wilson ", a déclaré lundi 24 novembre le procureur Robert McCulloch.
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Des incidents violents ont éclaté après l'annonce de la décision du jury, malgré les appels au calme de la famille de Michael. Soixante et une personnes ont été arrêtées au terme d'une nuit d'émeutes au cours de laquelle la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes pour disperser les manifestants.
Le grand jury était réuni depuis la fin août sur cette affaire. Il a entendu 60 témoins convoqués par les procureurs ainsi qu'un médecin privé engagé par la famille Brown pour examiner les tirs mortels. Au total, le grand jury a passé 25 jours sur le dossier et entendu plus de 70 heures de témoignages. Selon le procureur, il a été très difficile de trouver la bonne version des faits. D’après lui, beaucoup de témoignages ne corroboraient pas les constatations physiques: "Beaucoup de témoins ont reconnu qu'ils n'avaient pas assisté à la fusillade".
"Il y a un certain nombre de témoins qui croient sincèrement que ce qu’ils ont dit est vrai. Jusqu’au bout, ils ont gardé la même version, même lorsque cette dernière ne correspondait pas aux preuves matérielles", a-t-il ajouté.
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Le policier a fait feu à 12 reprises
Le procureur a également donné plus d’éléments sur les faits qui se sont déroulés le 9 août dernier. Ce jour-là, le policier, qui était dans sa voiture de patrouille, a identifié Michael Brown comme l’un des suspects d’un vol de cigarillos commis peu de temps auparavant dans une épicerie de la ville. Après l’avoir repéré dans la rue, il lui a donné l’ordre de marcher sur le trottoir: "Ils ont échangé des mots, mais Michael (et un ami, NDLR) ont continué à marcher au milieu de la rue".
"Lorsqu'ils sont passés devant Wilson, le policier a remarqué que Michael Brown avait des cigarillos dans la main... À 12h02, Wilson a lancé un appel radio pour demander de l'aide affirmant avoir identifié deux suspects", a poursuivi M. McCulloch lors d'une conférence de presse. "Le policier Wilson a reculé sa voiture de manière à bloquer leur chemin ainsi que la circulation dans les deux sens. Plusieurs voitures sont arrivées de l'est et de l'ouest mais n'ont pas pu dépasser le véhicule de police".
"Une altercation a alors eu lieu entre le policier Wilson, toujours assis à l'intérieur de sa voiture, et M. Brown qui se tenait debout, au niveau de la fenêtre du conducteur. Durant cette altercation, le policier a tiré deux coups de feu. (...) M. Brown s'est alors enfui vers l'est sur le boulevard Canfield et le policier Wilson l'a poursuivi (à pied, NDLR), M. Brown s'est arrêté et s'est tourné vers le policier, a-t-il aussi décrit.
"Le policier s'est également arrêté. Michael Brown s'est dirigé vers le policier, qui a alors tiré plusieurs coups de feu et Michael Brown a été mortellement blessé". Darren Wilson a tiré à douze reprises sur Michael Brown, la dernière balle l'atteignant à la tête, a précisé Bob McCulloch. "Vous savez, le fait de savoir qu’il s’agit d’un usage légitime de la force ou d’un cas de légitime défense, n’allège pas cette tragédie. Il reste toujours cette vie enlevée. Et la famille aura cette perte pour toujours", a-t-il finalement conclu.
Avec AFP et Reuters