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Une jihadiste "sauvée" de Syrie par sa mère comparaît devant la justice néerlandaise

Une convertie néerlandaise de 19 ans, connue sous le prénom Aïcha, comparaît ce vendredi devant la justice des Pays-Bas pour "terrorisme" après son retour de Syrie. Elle affirme avoir été "sauvée" par sa mère.

Elle se fait appeler Aïcha, est âgée de 19 ans et comparaît à huis-clos ce vendredi 21 novembre devant la justice néerlandaise, à Maastricht, pour "terrorisme". La jeune Hollandaise, de son vrai prénom Sterlina, récemment convertie à l’islam, est suspectée de s’être envolée en février 2014 pour la Syrie pour y faire son jihad, avant de changer d’avis et de rentrer aux Pays-Bas courant novembre.

Les autorités néerlandaises, qui l'ont arrêtée dès son retour, cherchent désormais à faire la lumière sur ce "voyage" pour le moins singulier. Après plusieurs mois passés en Syrie, la jeune fille affirme en effet que sa mère, Monique, est venue la "libérer"… à Raqqa, le fief des jihadistes de l’organisation de l’État islamique (EI) en Syrie.

"Elle le prenait pour un Robin des Bois"

Tout a commencé à la fin de l’année 2013 quand Sterlina, à peine sortie de l’adolescence, se convertit à un islam radical : elle troque ses vêtements contre un niqab, se fait appeler Aïcha et correspond via internet avec les jihadistes de l’EI, plus particulièrement avec Yilmaz, un Neerlandais. Cet ancien soldat de l’armée des Pays-Bas fait partie des 130 citoyens hollandais ayant quitté le pays pour combattre aux côtés de l’EI. "Elle est tombée amoureuse de lui, elle le prenait pour un Robin des Bois", a confié Monique, à une télévision néerlandaise, en septembre.

Le compte twitter du jihadiste Yilmaz

BREAKING! My ex wife the one that I supposedly killed, dumped, used and abused and sold to a Tunisian brother from State is now in Turkey.

— Isrāfīl Yılmaz (@chechclearrr) 18 Novembre 2014

En février 2014, Aïcha s’envole pour la Syrie. La police, qui pourtant la surveillait et lui avait confisqué son passeport, la laisse s’échapper. La jeune femme utilise sa carte d’identité pour quitter le territoire. Sa motivation se résume à un seul projet : épouser Yilmaz. Sa mère affirme avoir perdu tout contact avec sa fille pendant plusieurs mois.

La suite est un peu confuse. Mais les médias néerlandais expliquent qu’au mois d’octobre, Monique décide de récupérer sa fille. Elle tente de passer en Syrie mais elle est arrêtée à la frontière turque et rebrousse chemin. De retour aux Pays-Bas, Monique contacte la police qui lui déconseille de retenter le voyage. Mais la situation se dégrade pour Aïcha. Selon le quotidien populaire Algemeen Dagblad, elle aurait supplié sa mère de l’aider à rentrer après l’échec de son mariage. Monique ne reste pas sourde à la détresse de sa fille et décide de retourner en Syrie la sauver. C’est un succès, cette fois. Couverte d’un voile intégrale, elle aurait réussi à se rendre dans la "capitale" ultra-sécurisée des jihadistes, à Raqqa, et retrouvé sa fille.

"Elle est partie de son côté, je suis parti du mien"

Les deux femmes parviennent à s'enfuir, et à quitter la Syrie. Elles sont arrêtées à la frontière turque puis renvoyées aux Pays-Bas. "Dès son arrivée, Aïcha a été détenue sur la base de soupçons de crimes menaçant la sécurité de l'État", a indiqué vendredi Annemarie Kemp, porte-parole du parquet de Maastricht. Contacté par la BBC, le jihadiste Yilmaz a confirmé sa rupture sentimentale avec Aïcha. "Ca n’a pas fonctionné. Nous avons rompu. Elle est partie de son côté, je suis parti du mien", explique-t-il.

De nombreuses zones d’ombres persistent dans ce récit, lequel est d’ailleurs jugé peu crédible par Roger Bos, un représentant du parquet de Maastricht qui s’est exprimé à la télévision néerlandaise. "Monique n’a jamais mis les pieds en Syrie", affirme-t-il. Elle aurait plutôt attendu sa fille à la frontière, explique-t-il, tout en indiquant que le parquet enquêtait également sur son trajet. Comment Monique-t-elle pu entrer à Raqqa et trouver sa fille ? Comment ont-elles pu s'enfuir ?

Dans un procès similaire qui s'est tenu à Amsterdam, début novembre, le parquet avait requis 3 mois de prison avec sursis contre trois jeunes candidats au jihad. Sur les quelque 130 Néerlandais partis combattre en tant que jihadistes, 30 sont revenus dans leur pays et 14 sont morts, selon les derniers chiffres publiés par les services secrets néerlandais (AIVD).

Avec AFP