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Athée, issu de familles de classes moyennes et fragile psychologiquement. Le profil des jihadistes français, défini par une enquête réalisée auprès de 160 familles d'enfants partis faire le jihad, rompt avec certains préjugés. Revue de détails.

Aujourd'hui, le discours de l'islam radical "arrive à faire autorité sur des jeunes de familles très diverses", affirme la directrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liéés à l'islam, (CPDSI), Dounia Bouzar. "On peut être fils de médecins et embrigadé", résume-t-elle sur l'antenne de RTL, mardi 18 novembre.

Ce constat surprenant est le résultat de l'étude menée sur "la métamorphose opérée chez le jeune par les nouveaux discours terroristes", à partir d'informations livrées par 160 familles de jihadistes français. Ce rapport de 90 pages, publié lundi 17 novembre, a été rédigé par Dounia Bouzar, l'ex-négociateur en chef du Raid, Christophe Caupenne, et le professionnel de l'éducation Sulaymân Valsan.

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80 % des familles athées

Première donnée marquante qui vient bousculer le lien établi entre l'endoctrinement des jihadistes et la religion : 80 % de ces familles se déclarent athées et seules 10 % sont composées d'un grand-parent immigré. Les Français endoctrinés sont aussi majoritairement issus des classes moyennes (67 %), avec des parents travaillant principalement dans le milieu enseignant et éducatif. Les milieux populaires (16 %) ne sont pas plus représentés que les catégories socioprofessionnelles supérieures (17%).

Mais ces proportions peuvent toutefois être sous-estimées par l'étude. En effet, celle-ci ne représente qu'une partie des Français impliqués dans les filières jihadistes, dont les familles ont fait la démarche d'appeler le CPDSI.

"Jeunes hyper sensibles"

D'après cette enquête, les jihadistes semblent présenter un profil psychologique fragile. Selon 40 % des familles, leur enfant endoctriné a connu un épisode de dépression, ce qui laisse penser que l'enrôlement fonctionne plus facilement sur des jeunes 'hyper sensibles' qui se posent des questions sur le sens de leur vie", indiquent les auteurs. En revanche, seuls 5 % des candidats au jihad français ont commis des actes de petite délinquance.

Sans surprise, ces jeunes proies (63 % ont entre 15 et 21 ans) faciles sont généralement alpaguées sur Internet, qui reste le mode d'endoctrinement dans 91% des cas. "Un jeune qui tape un mot-clé comme 'injustice' ou 'publicité mensongère' peut être entraîné, de vidéo en vidéo, dans un tourbillon qui lui prouve que le monde n'est que "mensonges" et "complots", explique l'étude qui parle de "nouveaux discours terroristes"

Les auteurs ont défini "cinq mythes" employés sur le Net : le "chevalier héroïque" qui fonctionne auprès des garçons, la "cause humanitaire" prisée par des mineures, le "porteur d'eau" désignant ceux qui cherchent un leader, la référence au jeu vidéo de guerre "Call of duty" pour ceux qui souhaitent combattre, ou encore la quête de toute puissance attirant des personnes "sans limites". Avec ce discours hypnotique, les radicaux arrivent à faire basculer "le jeune de l’endoctrinement virtuel à l’embrigadement dans le monde réel".

Avec AFP