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Le procureur de Paris a confirmé qu'un Normand de 22 ans figurait parmi les jihadistes de l'État islamique filmés en train de décapiter des militaires syriens. Un second Français pourrait être impliqué.

Il est désormais établi qu’au moins un Français a participé "directement" à la décapitation des prisonniers syriens par le groupe État islamique (EI). Lundi 17 novembre, le procureur de Paris François Molins a confirmé que Maxime Hauchard, un Normand de 22 ans, figurait bien sur la vidéo que l’organisation a diffusée dimanche pour également revendiquer l'assassinat de l'otage américain Peter Kassig.

Le parquet de Paris avait déjà assuré que "des indices circonstanciés confirm[aient] l'implication d'un Français". Le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait parlé, quant à lui, d'une "très forte probabilité".

Maxime Hauchard, originaire de l'Eure, est parti en Syrie en août 2013, après un séjour en Mauritanie fin 2012, a déclaré Bernard Cazeneuve. Il est visé depuis août par une enquête préliminaire pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, a-t-on appris de source judiciaire.

Quel est le profil de Maxime Hauchard ?

Dans la vidéo de l'EI, le jihadiste jeune et barbu lui ressemblant fort est vêtu, comme ses compagnons, d'un treillis camouflage. Au milieu d'une file, il conduit de la main gauche un prisonnier avant de saisir un couteau de commando pour le tuer. On ne le voit pas exécuter l'otage, mais on distingue ensuite la tête de la victime détachée de son corps.

Un "gentil garçon" devenu bourreau de l’EI

Mi-juillet, Maxime Hauchard a témoigné via Skype sur BFMTV depuis Raqqa, fief du groupe EI en Syrie. À visage découvert, il raconte s'y être rendu depuis Paris via Istanbul, après avoir acheté un billet "pas cher", sans prendre soin de se "cacher".

Converti à 17 ans à l'islam, il explique s'être radicalisé avec des vidéos sur Internet, affirme être parti seul, puis avoir été rapidement pris en charge en Syrie. "L'objectif personnel de chacun ici, c'est le chahid [celui qui tombe en martyr]. C'est la plus grande récompense", assurait-t-il.

>> À lire sur France 24 : "'Pourquoi je veux mourir en Syrie' : confession d'un djihadiste français"

Au Bosc-Roger-en-Roumois, commune de 3 200 habitants à une trentaine de kilomètres au sud de Rouen, on avait bien noté, ces derniers temps, le changement d'apparence de Maxime, qui portait barbe et djellaba.

Mais personne n'aurait imaginé qu'il puisse appartenir un jour aux tueurs de l'EI, tant sa réputation de "gentil garçon" était bien établie dans cette commune, jusque là sans histoire, où alternent zones pavillonnaires et commerciales.

Un deuxième Français ?

Les services spécialisés s'attachent à vérifier l'éventuelle présence d'un second Français sur la vidéo diffusée dimanche. "Il y a des vérifications en cours", a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.

Un millier de Français sont impliqués dans le jihad en Syrie et environ 375 d'entre eux sont actuellement présents dans ce pays ou en Irak, faisant d'eux l'un des plus importants contingents occidentaux. Au moins 36 Français y ont déjà trouvé la mort.

Loin des caricatures, ces jihadistes ne sont pas forcément des jeunes fragilisés socialement, mais sont majoritairement issus de classes moyennes, selon une étude du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI). Et, à l'image de Maxime Hauchard, ils sont recrutés à 91% sur Internet.

Au total, quelque 3 000 ressortissants européens étaient partis fin septembre faire le jihad, selon le coordinateur européen pour la lutte antiterroriste Gilles de Kerchove.

Bernard Cazeneuve a appelé les jeunes Français, "qui sont la cible privilégiée de la propagande terroriste, à ouvrir les yeux sur la terrible réalité des actions de Daesh", acronyme arabe de l'EI, les qualifiant de "prêcheurs de haine" qui "érigent en système la barbarie".

Avec AFP