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Après l'annonce de la mort probable de 43 étudiants mexicains disparus, des manifestants s'en sont pris au palais présidentiel du chef d'État Enrique Peña Nieto, qui affronte sa plus grave crise politique depuis son arrivée au pouvoir.

Le palais présidentiel mexicain a été la cible, dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 novembre, de la colère des manifestants après que les autorités ont annoncé que les 43 étudiants disparus depuis fin septembre près d'Iguala (sud) étaient très probablement morts

À Mexico, une vingtaine de manifestants, certains le visage dissimulé, ont attaqué la porte principale du palais présidentiel à l'aide de barrières métalliques et y ont mis brièvement le feu, sans parvenir à entrer dans le bâtiment, que le président Enrique Peña Nieto a l'habitude d'utiliser pour des cérémonies officielles. Ils ont également marqué la porte du message : "Nous les voulons vivants", sans que les agents de sécurité présents ne réagissent.

Des milliers de Mexicains s'étaient rassemblés sur la place du Zocalo, dans la capitale mexicaine. Ils exprimaient leur colère après l'annonce vendredi par le ministre de la Justice que trois suspects ont avoué le meurtre de 43 étudiants. Ces derniers étaient portés disparus depuis le 26 septembre depuis une attaque conjointe menée par des policiers corrompus et des membres du crime organisé à Iguala, dans l'État du Guerrero.

"Grande irresponsabilité" du gouvernement fédéral

Beaucoup ne veulent pas croire à leur mort, notamment leurs proches, qui ont considéré que les aveux de ces suspects n'avaient pas valeur de preuves. "Tant qu'il n'y a pas de preuves, nos enfants sont vivants", a estimé Felipe de la Cruz, porte-parole des parents. "Il semble que le gouvernement fédéral, avec une grande irresponsabilité, préfère clore l'affaire (sur) la base de témoignages", mais "il n'y a rien de certain", a affirmé l'oncle d'un disparu, Meliton Ortega.

Des violences se sont déroulées dans d'autres villes du pays. À Chilpancingo, capitale du Guerrero, plus de 300 jeunes au visage souvent dissimulé, ont brisé plusieurs vitres du gouvernement régional samedi soir et incendié une dizaine de véhicules, dont un de la police fédérale, sans intervention des forces de sécurité. Là encore, les manifestants exigeaient de revoir les étudiants vivants.

Depuis le début de l'affaire, 74 personnes au total ont été arrêtées : policiers, fonctionnaires, criminels présumés, mais aussi le maire de la ville, José Luis Abarca, et sa femme Maria de Los Angeles Pineda, sœur de trois narcotrafiquants notoires. Le "couple impérial" aurait craint que la visite des étudiants à Iguala ne vienne perturber un événement public que Maria Pineda tenait ce jour-là en sa qualité de responsable d'un organisme local d'aide à l'enfance.

Peña Nieto en visite à l'étranger

Le président Enrique Peña Nieto, confronté à sa plus grave crise depuis son accession à la présidence en décembre 2012, a promis aux parents que tous les responsables de cet "horrible crime" seraient arrêtés. Appelé "le sauveur du Mexique" par le magazine américain "Time" lors de son arrivée au pouvoir, il assurait il y a peu que sa stratégie de sécurité commençait à porter ses fruits.

Avec AFP