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Les républicains sont parvenus, mardi, à prendre la majorité au Sénat tout en conservant leur mainmise sur la Chambre des représentants. C'est donc avec un Congrès entièrement dominé par les républicains que Barack Obama devra composer à l'avenir.

C'est un sérieux revers pour le président Barack Obama. Les républicains ont raflé, mardi 4 novembre, la majorité au Sénat et confirmé leur supériorité à la Chambre. Ils ont ainsi pris la main sur le Congrès entier, lors des élections de mi-mandat, qui renouvelaient les 435 députés de la Chambre des représentants, un tiers du Sénat (36 sénateurs) et 36 des 50 gouverneurs.

  • Le Sénat redevient républicain

C’était le résultat le plus important de ces "Midterms". Le président des États-Unis devra, durant les deux prochaines années de son mandat, gouverner sans majorité parlementaire. Sans surprise, les républicains ont repris, mardi, la Chambre haute du Congrès américain. Les sénateurs du "Grand Old Party" ont récupéré six sièges (Virginie Occidentale, Arkansas, Dakota du Nord, Colorado, Montana, Iowa) nécessaires pour faire basculer la majorité en leur faveur. Et ils se sont même offert le luxe d'en rafler un de plus, en Caroline du Nord. Les républicains totalisent donc au moins 52 sièges sur 100 à la Chambre haute.

Pourtant, il faudra attendre encore plusieurs semaines avant de connaître les résultats définitifs. En Louisiane, les candidats n’ont pas réussi à se départager et devront s’affronter à nouveau lors d’un second tour, le 6 décembre. Le républicain Bill Cassidy devrait toutefois profiter du soutien du candidat du Tea Party et finalement gagner son siège au Sénat, détenu sans interruption par les démocrates depuis 1883. Autre verdict retardé, celui de l’Alaska, où les résultats mettent traditionnellement plus de temps à être rassemblés dans les comtés ruraux - ils pourraient ne pas arriver avant la semaine prochaine.

  • La Chambre des représentants reste républicaine

Ce résultat était lui aussi attendu. La chambre basse reste républicaine avec 242 sièges contre 193 pour les démocrates, selon les projections de la chaîne NBC. Les républicains renforcent ainsi encore un peu plus leur mainmise sur cette Chambre où ils détenaient jusqu'ici 233 sièges.

  • Des électeurs désabusés

Si les chiffres de l'abstention ne sont pas encore connus, les analystes s'attendaient à une participation faible pour ces "Midterms" qui n'ont pas passionné les Américains. Jusqu’au bout, les candidats démocrates ont tenté d’encourager les électeurs à se rendre aux urnes, notamment les plus susceptibles de s’abstenir, à savoir les jeunes, les citoyens afro et latino-américains. Pourtant, selon NBC, la proportion de jeunes de moins de 30 ans qui s'est rendue aux urnes est plus faible qu'en 2010.

D’après des sondages de sortie des urnes, 79 % des électeurs ont une mauvaise opinion du travail du Congrès, et deux tiers pensent que le pays va dans la mauvaise direction. Moins d'un sur trois se déclare satisfait de l'administration de Barack Obama, selon CNN.

D’après l’institut Edison Research, l’économie était le principal sujet de préoccupation des électeurs lors de ces "Midterms", devant la santé. Malgré un chômage au plus bas depuis six ans à 5.9 %, une croissance robuste à 3,5 % pour le troisième trimestre 2014, et la couverture santé de plusieurs millions d’Américains grâce à la réforme "Obamacare", le chef de l’Etat américain n’a pas réussi à convaincre. Sa capacité à être un leader a notamment été beaucoup moquée par ses rivaux ces derniers temps, aussi bien pour les dossiers nationaux qu’internationaux. Avec un Congrès acquis à l’opposition, cela ne devrait pas s’arranger.

  • Congrès vs Maison Blanche : blocage ou compromis ?

Que se passera-t-il à présent ? Certains républicains, comme le sénateur Ted Cruz, prônent un rapport de force, avec un affrontement direct entre la Maison Blanche et le Congrès. Ce tenant de la ligne dure du parti a ainsi prévenu, dans une interview au "Washington Post", qu’il pousserait le Sénat à être le plus conservateur possible et à ne pas tendre la main à la présidence. Ce sénateur texan du Tea Party, un probable candidat aux primaires républicaines pour l’élection présidentielle de 2016, souhaite en outre que son parti cherche par tous les moyens à supprimer l’Obamacare.

Mais tous les républicains ne sont pas du même avis, et la plupart chercheront plutôt le compromis. Le "shutdown" (fermeture administrative) de 2013 n’a pas joué en faveur des républicains, accusés de s’être obstinés au détriment de l’intérêt général, pour un coût estimé à 2 milliards de dollars. Il n’est pas question, donc, de refaire la même erreur, en tout cas pour ces partisans de la négociation. Plutôt que de chercher à voter la suppression pure et simple de la réforme de santé – suppression à laquelle Obama pourrait opposer son droit de veto -, il s’agit d’en défaire certains pans seulement.

Pour le sénateur fraîchement réélu du Kentucky, Mitch McConnnel, il faut ainsi que ces deux prochaines années soient productives. "Il est temps de changer de direction ! Il est temps de remettre le pays sur la bonne voie !", a déclaré Mitch McConnnel, qui est appelé à incarner - en tant que chef de la majorité du Sénat - l'opposition à Barack Obama. Outre la remise en cause de certains volets de l’Obamacare, d’autres grands chantiers attendent la nouvelle majorité selon lui : la réforme fiscale, la production de pétrole ou encore la construction de l’oléoduc Keystone XL.

La Maison Blanche, privée de tout relais législatif, devra donc composer avec ce Congrès passé au rouge. Et outre les réformes sur lesquelles Obama devra peut-être faire une croix, d’autres décisions pourraient être rendues difficiles voire impossibles. Il s’agit de la nomination des ministres, des ambassadeurs, et d’éventuels membres de la Cour suprême. Pour toutes ces désignations, le président aura en effet besoin d’un accord du Sénat.

Barack Obama a d’ores et déjà annoncé par la voix d’un porte-parole qu’il invitait, vendredi prochain à la Maison Blanche, les leaders des deux partis au Congrès. Les discussions promettent d’être musclées.

À lire sur le même sujet : "les élections de mi-mandat, un gâchis financier colossal" (en anglais)