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Législatives américaines : des clips de campagne sans complexe

Les Américains votent mardi pour renouveler la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Sélection des spots de campagne les plus absurdes par Sophie Pilgrim, correspondante de France 24.com à New York.

Les programmes politiques des candidats aux élections législatives américaines pour renouveler la Chambre des représentants et un tiers du Sénat, le 4 novembre, ne sont pas forcément consistants cette année. Dans les clips de campagne de certains candidats, une recette prévaut toutefois : un texte perturbant enrobé de beaucoup de pessimisme ! Ils possèdent cependant au moins une qualité, celle d'être drôles. De même que deux points communs : les flingues y sont bienvenus mais pas Barack Obama.
 

Sean Haugh, Caroline du Nord

Ce livreur de pizza, grand buveur de bière, est candidat à un poste de sénateur de Caroline du Nord et concourt sous l’étiquette "libertarienne". Sur fond sonore digne d'une musique d’ascenseur, il plaide, dans son spot de campagne, pour la paix, la légalisation du cannabis et l’égalité des droits pour tous. Mais il démontre aussi son adhésion au second amendement de la Constitution. "Je suis le seul candidat qui ait conscience qu’interdire des choses ne sert à rien", explique-t-il. Plutôt que de limiter les ventes d'armes à feu, Sean Haughs est persuadé que, pour réduire les accidents, il faut que nous chassions "le meurtrier qui se cache dans nos cœurs"...

Pat Roberts, Kansas

Candidat qui a sans doute le programme le moins fourni de tous, le républicain Pat Roberts mise à 100 % sur le vote anti-Obama. Comme beaucoup de républicains, son slogan de campagne est simple : "Si vous votez pour mon rival démocrate, vous votez pour Obama".

Pat Roberts, comme tous les candidats dont les programmes sont vides de propositions, trouve une cible rêvée dans l’Obamacare. La loi défendue par le président est aussi impopulaire que le président lui-même (il rassemble environ 40 % d’opinions positives) que Pat Roberts a donc pris pour cible, prétendant la semaine dernière qu’Obama envisageait de transférer des terroristes de la prison de Guantanamo au Kansas.

Alison Lundergan Grimes, Kentucky

La candidate démocrate du Kentucky, Alison Lundergram Grimes, qui a été victime d’une blessante campagne de la part de l’actuel sénateur républicain de cet État, Mitch McConnell, cherche tellement à se démarquer du président qu’elle a refusé de dire si elle avait voté Obama lors d’un débat télévisé, il y a quelques semaines.

Comme si ce n’était pas suffisant, elle fait campagne sous le slogan : "Je ne suis pas Barack Obama". Pour être vraiment sûre de ne pas être confondue avec lui, elle se présente dans son clip un fusil avec un fusil, qu'elle n'hésite pas à utiliser.

>> À lire sur France 24 : Élections de mi-mandat : ces Américains privés de leur droit de vote

Joni Ernst, Iowa

Comme elle l’affirme avec le sourire dans sa vidéo, la candidate républicaine de l’Iowa, Joni Ernst, sait comment castrer un porc. Elle l'aurait même fait tout au long de sa jeunesse. Aujourd’hui, elle convoite un poste à Washington parce qu’elle veut "les faire grouiner" [les porcs de Washington, les sénateurs donc NDLR].

Comme son opposante politique Alison Lundergram Grimes, Joni Ernst veut rassurer ses électeurs : si jamais les voies traditionnelles et démocratiques que sont les débats et les votes ne lui permettaient pas d’accéder au Sénat, elle pourrait toujours utiliser son arme pour se tailler un chemin. Joni Ernst, c’est une "maman, une fermière et un lieutenant-colonel qui a bien plus qu’un rouge à lèvres dans son sac".

Kamau Bakari, Nevada

Cette très gênante tentative de mettre en scène une conversation naturelle devient encore plus pénible lorsque le narrateur de l’histoire se révèle être raciste.

Le candidat indépendant du Nevada, Kamau Bakari, est un afro-américain qui ne supporte pas que "les Noirs se plaignent ». Habillé d’un costume de cowboy, il joue dans son clip de campagne un faux-débat sur "le politiquement correct" avec un homme particulièrement calé sur le sujet. Son interlocuteur, Cliven Bundy, est le propriétaire d’un ranch dans le Nevada. Mais il est surtout connu pour avoir suggéré que les "nègres" se porteraient mieux s’ils étaient esclaves. Sans surprise, Kamau Bakari n’a pas touché une très large audience.