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Nouvelle attaque meurtrière des rebelles ougandais dans un village du Nord-Kivu

Les rebelles ougandais ont massacré 22 personnes vendredi soir, dans un village du Nord-Kivu. En tout, au moins 79 personnes ont été tuées en l'espace de deux semaines, dans cette région du nord-est de la République démocratique du Congo.

Les massacres se poursuivent dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). Deux jours après la mort de 30 personnes à Beni tuées par l’Alliance des forces démocratiques (ADF), au moins 22 personnes ont été tuées à Eringeti, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Beni, par des rebelles ougandais.

"Vingt-deux personnes ont été tuées cette nuit à Eringeti, dont 10 femmes et 8 enfants", a ainsi déclaré à l’AFP, samedi 18 octobre, Amisi Kalonda, administrateur du territoire de Beni, dans le nord de la province du Nord-Kivu.

Selon la Société civile du Nord-Kivu, ONG basée à Beni, la tuerie a eu lieu entre 19 heures et 21h30. "Les personnes tuées l'ont été principalement par coups de machettes, de haches et de houes", écrit cette organisation dans un communiqué, parlant également d'enfants dont les têtes auraient été "cognées contre murs".

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En deux semaines, "au moins 79 personnes ont été sauvagement exécutées par les ADF" ajoute le texte, exhortant les Casques bleus de la Mission de l'ONU au Congo (Monusco) à "s'engager militairement au coté [de l'armée] et non pas limiter leur [soutien] au seul appui logistique, afin d'en découdre définitivement avec ces terroristes".

Opération militaire lancée en janvier

En attendant, la Société civile du Nord-Kivu annonce qu'elle compte réunir samedi "toutes ses composantes en ville et en territoire de Beni pour définir des actions d'auto-prise en charge par la population, vu la situation".

Composée uniquement de musulmans, l'ADF, installé entre Beni et la frontière ougandaise depuis le milieu des années 1990, compterait environ 400 combattants. Il s’agit aujourd’hui de la seule milice connue en activité dans la région.

Pour s’en débarrasser, l'armée congolaise a lancé en janvier une opération de grande envergure, soutenue ensuite par la Monusco (approvisionnement en vivres et munitions, aide à l'évacuation des blessés, partage de renseignement et aide à la planification des opérations).

En quelques mois, au prix de lourdes pertes dans les deux camps, l'armée est parvenue à chasser les rebelles de la plupart de leurs bastions. Mais dès le mois d'avril, alors que le gouvernement présentait la traque des derniers combattants comme une simple formalité, des experts étrangers mettaient en garde contre la difficulté de la tâche qui restait à accomplir, dans cette région accidentée à la végétation très dense.

Ainsi, depuis le décès brutal (officiellement d'un accident vasculaire cérébral) fin août du général Lucien Bahuma, qui commandait l'armée au Nord-Kivu, et passait une grande partie de son temps au front contre les ADF, l'opération de l'armée est pratiquement au point mort, selon un expert du Nord-Kivu, qui souhait conserver l'anonymat.

L’ADF profite du vide laissé par l’armée

Plusieurs députés de Beni, de l'opposition comme de la majorité, ont dénoncé, vendredi auprès l'AFP, l'inaction de l'armée contre ces rebelles opposés au président ougandais Yoweri Museweni mais qui n'ont plus mené d'action d'envergure en Ouganda depuis des années.

Le vide laissé par l'armée a permis aux rebelles de l'ADF, accusés de nombreuses atrocités contre les civils, de reprendre du terrain. En une quinzaine de jours, ils ont attaqué d'abord des petits villages isolés, puis Oicha (entre Eringeti et Beni) puis Beni.

L'attaque contre cette agglomération de 500 000 habitants, place commerciale importante pour la région des Grands Lacs et fief de la tribu des Nande, a même eu lieu alors que le chef de la troisième zone de défense, nouvellement créée et qui englobe le Nord-Kivu, le général Léon Mushale, séjournait dans la ville depuis plusieurs jours avec le général Emmanuel Lombe, nouveau commandant militaire du Nord-Kivu, pour y évaluer la situation.

L'Est de la RDC est déchiré par les conflits armés depuis plus de vingt ans. Le Nord-Kivu est la province la plus touchée par les violences qui persistent en dépit de la présence dans le pays de la plus grosse mission de maintient de la paix de l'ONU avec plus de 20 000 Casques bleus.

Avec AFP