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Reykjavik a décidé, lundi, de fermer le site Khilafah.is qui servait de vitrine à la propagande de l’organisation de l’État islamique. C’est la première fois que ce pays, très attaché à la liberté d’expression, ferme un site en ".is".

Khilafah.is est devenu, lundi 13 octobre, le premier site internet virtuellement hébergé en Islande à être fermé par les autorités. Un fait inédit pour ce pays qui se targue d’être un havre de la liberté d’expression en ligne. Mais la propagande pour l’organisation de l’État islamique (EI) a poussé le bouchon trop loin. Même pour Reykjavik.

Car c’est bien de cela dont il s’agit. Khilafah.is est apparu sur Internet le 14 septembre et se présentait comme une vitrine du mouvement jihadiste. Pendant près d’un mois, ce site a donc utilisé l’extension géographique ".is" pour relayer en anglais les messages officiels de l’EI. Vidéos, photos et communiqués pouvaient ainsi librement être consultés sur Khilafah.is. Une extension d'autant plus ambigüe que ".is" désigne non seulement l’Islande sur Ie Web, mais aussi cette mouvance islamiste en anglais (IS : islamic state).

David Gunnlaugsson, le Premier ministre islandais, avait jugé "intolérable [que les jihadistes] utilisent le nom de domaine islandais". "Cela n'a rien à voir avec la liberté d'expression, mais avec une conduite criminelle et monstrueuse. Nous devons être en mesure de fermer cela", a ajouté le chef du gouvernement au quotidien "Morgunbladid".

Le Parti pirate parle d'un dangereux précédent

Plus facile à dire qu’à faire. L’extension internet islandaise est prisée car il n’y a qu’un contrôle très lâche des autorités sur ce qu’un internaute, islandais ou non, peut en faire. La réglementation indique seulement que le responsable du site "doit à tout moment s’assurer du fait que le contenu ne soit pas contraire à la loi islandaise". Dans les faits, le couperet islandais n’était encore jamais tombé sur un site en ".is".

Le pays d’Europe du Nord avait ainsi servi de port d’attache virtuel pour WikiLeaks lors de la publication très controversée des câbles diplomatiques américains. Le site "The Pirate Bay", connu pour faciliter le piratage d’œuvres protégés par le droit d’auteur, survit essentiellement parce qu’il est hébergé en Islande.

Cette tolérance avait permis à l’île de se hisser tout en haut du classement des pays les plus respectueux de la liberté sur Internet, établi par l’ONG américaine Freedom House. Pour le Parti pirate, qui dispose de trois sièges au Parlement islandais, la décision de fermer Khilafah.is constitue, de ce fait, un dangereux précédent. "Le public a le droit d’étudier et de discuter le plus ouvertement possible des idées parmi les plus horribles de la civilisation humaine", indique ainsi sur sa page Facebook Helgi Hrafn Gunnarsson, l’un des élus du Parti pirate.