
Après cinq ans d'exil, l'ex-chef d'État Marc Ravalomanana est rentré, lundi, à Madagascar. Condamné par contumace pour la mort d'opposants, il a été arrêté dès son arrivée. La présidence tempère, précisant qu’il a été "mis en sécurité".
L’ancien président malgache Marc Ravalomanana a été arrêté, lundi 13 octobre, quelques heures seulement après son retour dans son pays, rapporte l'AFP. Marc Ravalomanana avait été condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité pour la mort d'une trentaine de partisans d'Andry Rajoelina, l'ancien maire d'Antanarivo. Ce dernier l'avait renversé, puis avait dirigé l'île entre 2009 et début 2014.
Des gendarmes l’ont interpellé à son domicile après avoir dispersé la foule avec des gaz lacrymogènes, selon la radio privée Free FM. "Une quarantaine d'éléments des forces spéciales ont forcé le portail du domicile du président, en tirant sur la serrure", a précisé à l'AFP une source proche de l’ancien chef d'État, qui a préféré rester anonyme. "Le président a été emmené, maintenu par deux éléments cagoulés."
La présidence malgache rejette toutefois cette version et affirme que Marc Ravalomanana n’a pas été interpellé, mais placé en lieu sûr pour le protéger. "Monsieur Marc Ravalomanana n'a pas été arrêté. Il n'a pas été emprisonné. Il est mis en sécurité contre les menaces de toutes sortes", a déclaré le président actuel Hery Rajaonarimampianina lors d’une conférence de presse, précisant que l'ordre public était en jeu.
Un retour surprise
Pour la première fois depuis 2009, Marc Ravalomanana est rentré à Madagascar, dans la nuit de dimanche à lundi, depuis l'Afrique du Sud où il s'était exilé. Selon la présidence malgache, cette fin d’exil n’était pas programmée et a été faite en toute illégalité. "Le régime actuel déclare qu'on ne lui a pas demandé son avis et qu'il n'est pas au courant du retour au pays de l'ancien président Marc Ravalomanana", a déclaré le directeur de cabinet du président Hery Rajaonarimampianina sur l’antenne de la radio nationale.
Les conditions de ce retour sont pour l'instant assez floues. "On l'a appris ce matin, alors qu'il était déjà chez lui. Ce n'était pas prévu", explique Gaëlle Borgia, la correspondante de France 24 à Madagascar. "On ne sait pas comment il est rentré. Il a refusé de répondre à cette question. Il n'a pas voulu qu'on lui demande ni quand, ni comment il était rentré. Il a juste dit qu'il est rentré sans passeport et que c'était plus ou moins avec le concours des autorités sud-africaines. La présidence malgache a déclaré de son côté qu'elle n'était pas au courant."
Le site de RFI rapporte pour sa part qu'il est arrivé "à bord d'un avion privé affrété par la SADC, l'organisation régionale de développement", qui est médiatrice dans la résolution de la crise politique malgache.
"Je suis ici pour soutenir la paix et la démocratie"
Peu après avoir posé le pied sur le sol de son pays et avant d'être interpellé, Marc Ravalomanana s'est exprimé devant ses partisans et les médias à son domicile d'Antananarivo. "Je suis ici devant vous pour confirmer que je suis bel est bien de retour dans mon pays", a-t-il déclaré.
Notre correspondante Gaëlle Borgia a assisté à cette allocution improvisée. "Il a dit qu'il n'était pas là pour créer le désordre, mais pour aider au développement du pays. Il a fait un discours pacifique", raconte-t-elle. "Mais il a quand même dit que le président actuel [Hery Rajaonarimampianina, élu en janvier 2014, NDLR] a certes la reconnaissance internationale mais qu'il n'est pas légitime aux yeux du peuple."
En juillet dernier, Marc Ravalomanana avait annoncé être prêt à comparaître devant la justice malgache. Il avait auparavant estimé que les condamnations prononcées à son encontre avaient été décidées par un "tribunal fantoche" en son absence. "Marc Ravalomanana a toujours clamé son innocence depuis son exil, il y a presque six ans. Selon lui, la garde présidentielle, qui a tiré sur des manifestants en 2009, ne l’a pas fait sous ses ordres", précise Gaëlle Borgia. À de nombreuses reprises, il a tenté de revenir dans son pays, mais son rival Andry Rajoelina l'en a empêché. En 2012, l'avion qui le transportait avait fait demi-tour en plein vol.
Avec AFP