
Pierre Moscovici, candidat au poste de commissaire aux Affaires économiques, doit passer un écrit de rattrapage pour tenter de convaincre les députés européens. Mais le résultat de cette épreuve dépend aussi du bras de fer droite-gauche.
Les députés européens doivent, mardi 7 octobre, rendre leur verdict concernant la candidature de Pierre Moscovici au poste de commissaire européen aux Affaires économiques. "Ça passe ou ça casse pour lui", avance la spécialiste des questions européennes sur France 24 Caroline de Camaret, qui estime que la partie n'est pas gagnée d'avance.
Pour l'heure, Pierre Moscovici n'a pas réussi à convaincre. Lors de son audition de trois heures, jeudi, devant le Parlement européen, l'ancien ministre des Finances, qui a pourtant promis qu'il ne serait ni "l'avocat, ni le procureur de la France", s'est heurté à l'hostilité d'une droite, majoritaire à Strasbourg, sceptique sur sa capacité à juger avec neutralité l'état des finances de l'Hexagone."Comment être certain que vous serez le braconnier devenu garde-chasse ?", lui a lancé la députée néerlandaise Sophie in't Veld (libérale).
"La France tombée en disgrâce à Bruxelles"
Le discours de Pierre Moscovici était pourtant "rudement bien mené", commente pour sa part Caroline de Camaret. "Mais il pâtit de l’image de la France qui est tombée en disgrâce à Bruxelles", ajoute-t-elle. Son audition est, en effet, tombée au lendemain de la présentation du projet de budget français pour 2015 qui prévoit un déficit public à 4,3% du PIB après 4,4% cette année. Loin des 3 % auxquels Paris s'était engagé ...
Pierre Moscovici a donc été contraint de passer un écrit de rattrapage ce week-end. Parmi les 22 questions posées, la commission des affaires économiques a notamment demandé des éclaircissements sur "[sa] relation de travail" avec les deux vice-présidents conservateurs dont il va dépendre : le Finlandais Jyrki Katainen et le Letton Valdis Dombrovskis. "Sa réponse pourrait peser lourd dans le jugement final sur sa candidature", a assuré l’eurodéputé français Alain Lamassoure.
"Si un fusible saute au PPE, un fusible sautera chez les socialistes"
Mais la confirmation de Pierre Moscovici à son poste est aussi - et surtout - au cœur d'une épreuve de force politique. Les conservateurs, qui ont malmené Pierre Moscovici lors de son oral, ont dégainé en représailles des attaques socialistes envers certains candidats conservateurs. Une grande partie de la gauche et des Verts ont, notamment, vivement contesté Miguel Arias Canete, membre du PPE désigné pour l'Énergie et le Climat, pour son manque de clarté concernant ses liens avec l'industrie pétrolière. Un vote a été renvoyé à mardi dans l'attente d'éclaircissements sur sa déclaration de patrimoine.
La gauche s'en est également pris au conservateur Jonathan Hill, chargé des services financiers. Le Britannique, qui n'a pas convaincu avec ses réponses évasives, doit passer un second oral mardi qui sera décisif pour lui.
De son côté, la droite a prévenu qu'elle refusera tout sacrifice. L'eurodéputé UMP français Alain Lamassoure a déclaré : "Si un fusible saute au PPE, alors un fusible sautera chez les socialistes. Et ce sera Moscovici".
La décision est attendue mardi dans la journée, avant un vote d'investiture de l'exécutif européen prévu le 22 octobre au Parlement.