logo

Décès du père d'un journaliste harcelé par un hacker israélien

Harcelé par un hacker franco-israélien suite à un article de son fils sur Rue89, le père du journaliste est décédé, mardi soir, des suite d'un infarctus. Malgré plusieurs plaintes, ce pirate appelé "Ulcan" continue de sévir depuis Israël.

Le site internet d’informations Rue89 a annoncé le décès du père de l’un de ses journalistes, Benoît Le Corre. Cet homme avait été victime de harcèlement de la part d’un hacker franco-israélien, Grégory Chelli, surnommé "Ulcan", sur lequel son fils avait écrit un portrait en juillet.

"Le père de Benoît avait été plongé dans un coma artificiel après son infarctus, cinq jours après un premier appel d’Ulcan lui annonçant la mort imaginaire de son fils, puis un second appel à la police provoquant une intervention musclée de la police à 4 heures du matin chez lui, pensant y découvrir les cadavres de sa femme et son enfant", peut-on ainsi lire sur le site de Rue89 qui précise qu’il était une personne à "hauts risques" cardiaques mais qu’il est "difficile de ne pas faire le lien avec le stress éprouvé les jours précédant cet infarctus".

La famille du journaliste, ainsi que Rue89, ont porté plainte contre ce hacker, ancien membre de la Ligue de défense juive (LDJ), qui n’en est pas à ses premiers coups d’éclat. Sur son compte twitter, aujourd’hui suspendu, Grégory Chelli a revendiqué de nombreuses attaques informatiques, ou des coups de fil malveillants, contre des sites trop favorables, selon lui, aux Palestiniens (les partis du NPA, PCF ou encore Arrêt sur Images). Il livre aussi fréquemment sur le Web les adresses ou les numéros de téléphone de ses ennemis.

"Il bénéficie d’une impunité totale"

Malgré l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Paris le 8 août dernier, Ulcan, qui réside désormais en Israël, n’a pour l’instant pas été inquiété par la justice. Face à cette situation, le rédacteur en chef de Rue89, Pierre Haski, a vivement critiqué les autorités israéliennes à l’antenne de RMC jeudi 1er octobre : "Il bénéficie d’une impunité totale car il n’y a pas de traité d’extradition entre les deux pays. Il attaque tout le monde. Il m’a fait le même coup personnellement. Un vendredi soir du mois d’août, à minuit, il y a eu une descente de police chez moi", a-t-il expliqué. "Si Israël ne répond pas à cette demande de coopération policière et ne prend pas la mesure de la gravité de ce qu’il se passe, il y a un moment où il faudra parler de complicité. Je pense que les agissements de cet homme sont complètement contreproductifs pour l’image d’Israël".

Après l’annonce du décès du père du journaliste, le site de Rue89 a été une nouvelle fois la cible d’une tentative de piratage. Pour Pierre Haski, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’Ulcan : "Hier soir,  il a encore attaqué notre site qui a été indisponible pendant plusieurs minutes". Selon une vidéo mise en ligne sur Internet, le hacker aurait même appelé le journaliste pour lui présenter "ses condescendances" et lui proposer "de lui faire livrer une couronne".

"Je ne regrette pas mon action"

Dans un portrait diffusé jeudi 25 septembre lors de l’émission Complément d’Enquête, (deux jours après un autre canular contre Sihem Souid, chargée de mission au ministère de la Justice) Grégory Chelli, autoproclamé "soldat sioniste", s’est expliqué pour la première fois à la télévision sur ses agissements. Ulcan estime être dans son droit en s’attaquant aux antisémites et aux pro-palestiniens : "Peut-être que certaines choses qui sont mal comprises, je devrais les faire autrement, mais je ne regrette pas mon action".

Installé dans la ville d’Ashdod, dans le sud d'Israël, le pirate ne craint pas pour l’instant les poursuites judiciaires intentées contre lui depuis la France : "Dans le pays où je suis, ce n’est pas la priorité de la police quelqu’un qui attaque les néonazis et les antisionistes. Là où je suis, je me sens bien. Je ne me sens pas dans l’impunité, je sais que je peux être extradé. Israël a des accords avec l’Europe, mais je pense que pour extrader quelqu’un, il faut un peu plus que des canulars téléphoniques et changer quelques pages de sites internet".

En 2009, ce trentenaire avait déjà été condamné, à Paris, à de la prison avec sursis pour le saccage de la librairie militante Résistances.

L'interview d'Ulcan dans l'émission Complément d'Enquête