Le gouvernement espagnol a saisi lundi le Tribunal constitutionnel pour obtenir la suspension du référendum sur l’indépendance que la Catalogne a convoqué le 9 novembre. Les juges devraient se prononcer sur leurs compétences dès la semaine prochaine.
Le bras de fer entre Madrid et Barcelone se poursuit. Lundi 29 septembre, le gouvernement espagnol a formellement introduit un recours devant le Tribunal constitutionnel lui demandant de déclarer illégal le référendum d’indépendance prévu le 9 novembre en Catalogne. Le gouvernement central avait déjà prévenu qu'il emploierait tous les moyens légaux pour empêcher cette consultation.
Un référendum pour "diviser les Catalans"
Le chef du gouvernement Mariano Rajoy a annoncé ce recours attendu en employant des termes durs pour dénoncer l'initiative de la Catalogne, qu’il juge anticonstitutionnelle, la qualifiant de "démagogique" et "antidémocratique". "Ni l’objet, ni la procédure de vote ne sont compatibles avec la Constitution espagnole", a-t-il déclaré à la télévision, à l’issue d’une réunion extraordinaire de son gouvernement. "Rien, ni personne, ni aucun pouvoir, ni aucune institution ne peut rompre ce principe de souveraineté unique, indivisible sur lequel se fonde notre vie commune."
Mariano Rajoy a dit "regretter profondément" que le président de la puissante région du nord-est du pays, Artur Mas, ait convoqué cette consultation. "Je le regrette car cela va à l'encontre de la loi, elle dépasse le cadre de la démocratie, elle divise les Catalans, les éloignent de l'Europe et du reste de l'Espagne, et porte gravement atteinte à son bien-être", a tranché le chef du gouvernement. "Sans parler de la frustration à laquelle elle condamne une partie des citoyens catalans en les poussant à participer à une initiative qui ne pourra voir le jour en raison de son illégalité", a-t-il poursuivi.
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En Catalogne, la préparation du référendum se poursuit
Sans attendre que Madrid présente son appel, Barcelone a poursuivi son projet. Samedi, le président de la Généralité de Catalogne, Artur Mas, a signé le décret prévoyant la tenue de ce référendum d’autodétermination. Dimanche, le gouvernement catalan a donné le coup d'envoi aux préparatifs logistiques du scrutin, la campagne officielle ne devant démarrer que le 2 novembre : 5,4 millions d'électeurs de plus de 16 ans, vivant en Catalogne, seront appelés aux urnes, auxquels s'ajoutent quelque 2 500 Catalans résidant à l'étranger, a expliqué la numéro deux du gouvernement, Joana Ortega.
Organiser le référendum coûtera 8,9 millions d'euros, d'après les calculs du gouvernement régional, qui devra notamment payer la fabrication de 10 800 urnes en carton puisque Madrid ne devrait pas prêter celles utilisées habituellement. Certaines mairies ont déjà annoncé qu'elles n'aideraient pas à organiser le scrutin, comme celle de Badalona, troisième ville de la région gouvernée par le Parti populaire (PP) au pouvoir à Madrid. Joana Ortega s'est déclarée "convaincue" que toutes finiraient par collaborer tout en précisant qu'en cas de refus, le gouvernement cherchera d'autres lieux de vote.
Avec AFP et Reuters