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Les ministres turc et français de l'Intérieur se sont rencontrés vendredi à Ankara pour améliorer leur coopération dans la lutte contre les filières jihadistes. Bernard Cazeneuve a rappelé que la "menace terroriste" sur la France était "réelle".

Objectif  de la rencontre : éviter la répétition du "couac" qui a permis à trois jihadistes présumés de rentrer de Turquie en France en trompant la vigilance de la police. Le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a rencontré vendredi 26 septembre son homologue turc Efkan Ala pour améliorer la coopération entre les deux pays dans la lutte contre les filières jihadistes.

À l'issue de leur entretien, Bernard Cazeneuve a annoncé qu'un "nouveau dispositif" fondé sur "un échange constant d'informations" allait être mis en place. De son côté, le ministre turc a assuré que les deux pays allaient "faire en sorte que les mécanismes de coopération puissent fonctionner avec le minimum d'erreurs possible".

Mardi, trois Français pourtant soupçonnés d'être des jihadistes ont pu rentrer de Turquie en France sans encombre. Après un séjour de plusieurs mois en Syrie, ils avaient été arrêtés fin août à leur retour en Turquie et placés en centre de rétention administrative pour "séjour illégal" sur le sol turc. Expulsés, ils devaient initialement prendre un vol pour Paris, où les attendait la police française. Mais ont finalement rallié Marseille sans que les autorités turques prennent la peine de prévenir la France. Les trois hommes se sont finalement livrés à la police le lendemain et se trouvaient toujours en garde à vue vendredi.

Un préavis d’expulsion plus long

Entre autres mesures, Bernard Cazeneuve a précisé que le préavis donné à la France avant l'expulsion d'un jihadiste présumé serait désormais "plus long". "Cela permettra également aux policiers français d'être en zone d'embarquement au moment où ils [les suspects] partiront", a-t-il ajouté.

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Selon lui, la Turquie s'est également engagée à communiquer à la France la liste de ses ressortissants détenus en centre de rétention, ce qui n'était pas le cas avant. "Notre coopération [franco-turque] est forte, elle a conduit à l'expulsion en France de 40 ressortissants français", a-t-il insisté.

"Une menace réelle"

Bernard Cazeneuve a souligné l'importance de la lutte contre les jihadistes du groupe de l'État islamique (EI) en affirmant que la "menace terroriste" qu'ils font peser sur la France était "réelle chaque jour". "Oui, il y a un risque et il faut y faire face", a indiqué le ministre qui martelait, il y a quelques jours seulement : "la France n'a pas peur".

Même si le ministre de l'Intérieur s'est défendu vendredi d'être venu en Turquie pour "demander des comptes, pour accuser", le gouvernement français a largement imputé la responsabilité du cafouillage de mardi à Ankara. François Hollande avait déploré des "manquements" et son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian regretté "un gros cafouillage (...) en grande partie dû aux difficultés, à l'absence de très bonne collaboration avec les services turcs". Bernard Cazeneuve a une nouvelle fois mis hors de cause vendredi les services français, assurant qu'ils avaient "fait rigoureusement le travail qui leur incombait".

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Depuis de longs mois, les autorités européennes dénoncent le manque d'empressement de la Turquie à enrayer le flot des candidats au jihad, notamment européens, qui traversent son territoire pour rejoindre le groupe de l'EI en Syrie. Sous pression, les autorités d'Ankara ont fini par augmenter leurs mesures de contrôle aux frontières et ont procédé à quelques interpellations, très médiatisées, de jihadistes présumés. Ces efforts sont toutefois jugés en coulisse nettement insuffisants par les Occidentaux.

Avec AFP