L’heure de la reconstruction a sonné. "Le pire de la guerre est déjà passé", a estimé le président ukrainien Petro Porochenko, qui a tenu, jeudi 25 septembre, sa première grande conférence de presse depuis son élection fin mai. Se projetant dans un "après" qu'il espère européen, il a présenté sa "Stratégie 2020".  Ce plan en 60 réformes économiques et sociales vise à redresser l'Ukraine, au bord ce la faillite depuis des mois, et à préparer la candidature de l'Ukraine à l'entrée dans l'Union européenne (UE), d'ici à 2020.

Parmi ses priorités: la lutte contre la corruption, une réforme de la justice et des forces de l'ordre, l'indépendance énergétique et une politique de dérégulation et d'allègements fiscaux pour les entreprises. Le président souhaite également renouveler plus des deux tiers des fonctionnaires d'ici 2020.

Cet ensemble de mesures vise à "répondre aux exigences des investisseurs internationaux potentiels", a expliqué le président, qui persiste à donner à son pays l’orientation résolument pro-européenne, à l’origine du bras de fer avec la Russie.

Un pas de plus vers les Occidentaux

Pas de plus vers les Occidentaux, Petro Porochenko a demandé au gouvernement de renoncer officiellement au statut de non aligné de cette ex-république soviétique, mesure ouvrant la voie à son entrée à terme dans l'Otan.

Kiev a déjà ratifié la semaine dernière son accord d'association avec l'Union européenne, au grand dam de Moscou qui dit craindre pour ses relations commerciales historiques avec son voisin. L'Ukraine a cependant repoussé à fin 2015 l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange avec Bruxelles, visiblement afin d'apaiser Moscou.

Dans le conflit gazier, Ukrainiens, Russes et Européens doivent se retrouver vendredi à Berlin. Les Européens craignent l'approche de l'hiver en raison des éventuelles répercussions de la guerre du gaz que se livrent Moscou et Kiev, la Russie ayant déjà suspendu en juin ses livraisons de gaz à l'Ukraine.

Plan de paix dans l’impasse

Aussi, malgré l’optimisme de Petro Porochenko, les tensions restent vives entre Moscou et Kiev et le plan de paix, lui, n’est toujours pas signé. Petro Porochenko avait proposé le principe d’un "statut spécial" garantissant une plus grande autonomie aux régions séparatistes pro-russes, des élections le 7 décembre et une amnistie sous conditions pour les combattants.

Adoptée par le parlement de Kiev, l’offre a toutefois été rejetée par les indépendantistes. Ces derniers prévoient d'organiser leurs propres élections présidentielle et législative le 2 novembre, une semaine après les législatives prévues par Kiev le 26 octobre. Petro Porochenko a déclaré espérer que Moscou ne reconnaîtrait pas ces scrutins.

Il a également signé un décret, jeudi, ordonnant la fermeture de ses 2 000 km de frontière terrestre avec la Russie. Le document vise à empêcher des "agents subversifs" russes de pénétrer sur le territoire ukrainien en voiture, y compris par les zones tenues par des garde-frontières ukrainiens, selon un haut responsable des services de sécurité ukrainiens. Son effet ne peut qu’être limité, la rébellion pro-russe contrôlant déjà une partie de ces frontières.

Avec AFP