Gracié par Vladimir Poutine après dix années de prison, l'opposant russe Mikhaïl Khodorkovski a annoncé, samedi à Paris, la création d'une plateforme en ligne destinée à rassembler les forces pro-européennes.
Il avait promis de ne plus se mêler de politique au moment de sa libération en 2013. Mais l'ancien oligarque russe et opposant au Kremlin, Mikhaïl Khodorkovski, est revenu sur le devant de la scène, déclarant être prêt à briguer un jour, dans certaines circonstances, la présidence de la Russie.
"Je ne serais pas intéressé par l'idée de devenir président de la Fédération de Russie à un moment où le pays se développerait normalement", a-t-il expliqué, samedi 20 septembre, à l'occasion du 70e anniversaire du quotidien français "Le Monde". "Mais s'il apparaissait nécessaire de surmonter la crise et de conduire une réforme constitutionnelle, dont l'essentiel consisterait à redistribuer le pouvoir présidentiel en faveur du système judiciaire, du Parlement et de la société civile, alors je serais prêt à assumer cette partie du travail", a précisé Mikhaïl Khodorkovski.
Homme le plus riche de Russie avant son incarcération, il a été libéré de prison l'an dernier, gracié par Vladimir Poutine après dix années de détention. Depuis, il est exilé en Suisse et n’a pas pu retourner dans son pays natal.
Retour sur la scène politique
Sa participation à la conférence de samedi marque une volonté, de la part de l'opposant, de revenir sur la scène politique. Depuis la capitale française, il a lancé un mouvement destiné à rassembler les forces pro-européennes en Russie, dans ce qui apparaît être comme un défi au président russe.
"Une minorité aura de l'influence si elle est organisée", a déclaré Mikhaïl Khodorkovski. L'ancien oligarque a expliqué que son nouveau projet, nommé d'après son association caritative éponyme "Open Russia" (Russie ouverte), qui avait été fermée après son arrestation, serait une "plateforme" en ligne, et non un parti politique.
Ce projet apparaît pourtant comme révélateur d'ambitions politiques. L'ancien patron du pétrolier Loukos, âgé de 51 ans, a ainsi affirmé que tous ceux qui supportaient une voie pro-européenne pour la Russie devaient s'unir en prévision des élections parlementaires de 2016.
Plusieurs opposants au président Poutine ont également participé à cette cérémonie de lancement, dont l'économiste Sergueï Gouriyev, résidant à Paris, ainsi que l'homme d'affaires Evgueni Chichvarkine, installé à Londres. "Il est temps de prendre la parole", a affirmé ce dernier.
Le défi reste de taille pourtant, dans un contexte de popularité grandissante, dont jouit Vladimir Poutine au sein de la population russe, depuis le début de la crise en Ukraine et le rattachement de la Crimée à la Russie en mars.
Avec AFP