Si les musulmans de Bangui ont commencé à rentrer dans la capitale centrafricaine, beaucoup d’entre eux ne retrouvent que des ruines à la place de leurs maisons. Reportage de Tatiana Mossot et James André.
La situation des musulmans reste préoccupante à Bangui, mais certains d’entre eux ont commencé à rentrer dans la capitale centrafricaine. Les conditions extrêmement difficiles vécues par les déplacés musulmans qui ont trouvé refuge au Tchad et au Cameroun notamment, les ont poussés à regagner le pays, après des semaines de route.
Parti depuis février, Hussein Bengarat est rentré sans sa famille à Bangui, où au cœur du marché de PK5, l’enclave musulmane de la capitale, il gère la boutique d’un concitoyen chrétien. Mais selon lui cela vaut mieux que la vie des camps de déplacés.
"On nous a accueilli directement sous une bâche de réfugiés du HCR. On n’a pas trouvé à manger. Il n'y a même pas de soins, je suis resté peut-être trois ou quatre mois là bas, il n'y a pas de moyen pour vivre."
De son côté, Yayah Mahmat est rentré chez lui il y a une semaine. En colère il fait l’inventaire de sa maison, qui a été complètement pillée. "Ils ont enlevé toutes les taules, les portes, et même tous les câbles d’électricité. J'ai travaillé entre sept et dix ans pour tout construire, et ils sont venus pour détruire tout ça en un jour."
Le foyer de Mamadou Dogo a connu le même sort. Il ne sait pas encore quand est-ce qu’il pourra faire revenir ses deux femmes et ses 15 enfants. Face au tas de ruines qui fut naguère sa maison, il se sent impuissant. " Je ne peux pas aller devant la justice, je laisse tout cela entre les mains de Dieu, je vais me débrouiller et vivre dans une cabane, en attendant je vais leur pardonner."
Jusqu’ici, seuls les hommes sont rentrés à PK5, pour n’y retrouver que des ruines. Avant de faire revenir leur famille à Bangui, ils doivent désormais s’atteler à tout reconstruire.
Aujourd'hui, la Centrafrique compte 600 000 déplacés, et un peu plus de 300 000 réfugiés dans les pays voisins, essentiellement au Cameroun, au Tchad et en république démocratique du Congo, selon les chiffres du Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR).
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