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Yacine Brahimi, la pépite algérienne révélée par Porto

Yacine Brahimi a inscrit un triplé historique, mercredi, avec Porto en Ligue des champions. L’international algérien formé en France, passé par la Ligue 1 et la Liga, révèle enfin tout son potentiel avec les Dragons et les Fennecs. Portrait.

Yacine Brahimi est entré dans l’histoire du football algérien. Mercredi 17 septembre, il a été le premier Algérien à inscrire un triplé en Ligue des champions, avec Porto, contre BATE Borisov (6-0). C’est seulement le quatrième joueur africain à réussir cette performance, après les illustres Drogba, Eto’o et Yakubu. "Marquer trois buts pour mon premier match de Ligue des champions, c'est incroyable. D'ailleurs, je n'avais jamais marqué un hat-trick [coup du chapeau, NDLR] dans ma carrière", a-t-il déclaré à l’issue du match.

Déjà auteur d’un but et d’une passe décisive en barrages contre Lille (0-1, 2-0), Brahimi a confirmé mercredi son excellent début de saison avec Porto, avec deux buts inscrits lors de raids solitaires et un coup franc direct en plein lucarne. Pour le milieu de 24 ans, 2014 est bien l’année de la confirmation, à Porto comme en équipe d’Algérie, après un parcours plutôt chaotique jusque là.

>> Les buts de Brahimi en vidéo

Yacine Brahimi, pourquoi est-il autant en réussite ? Explications (19/09/14)

Un gâchis en Ligue 1

Passé par le Paris-SG en équipe de jeunes, Yacine Brahimi, né en France, termine sa formation à Rennes, où il signe son premier contrat pro en 2008, après avoir remporté la Coupe Gambardella, l’équivalent de la Coupe de France pour les moins de 18 ans. On lui prédit alors un grand avenir en Ligue 1…et en équipe de France, où il est régulièrement convoqué dans les équipes de jeunes.

Mais le milieu de terrain ne parvient pas à s’imposer avec les pros en Bretagne, où ses prestations ne convainquent guère, alors qu’il cumule les pépins physiques. Après un prêt d’un an à Clermont, en Ligue 2, il n’est titularisé que 20 fois en deux saisons avec Rennes par l’entraîneur d’alors, Frédéric Antonetti, entre 2010 et 2012. "Son profil n’était pas adapté au championnat de France, où l’on préfère les grands gabarits, explique Nabil Djellit, journaliste pour Francefootball.fr. Il n’entrait pas dans les plans d’Antonetti, et le club n’a pas très bien géré ce dossier. En réalité, Brahimi est fait pour le jeu latin."

ll quitte donc la Ligue 1 en 2012, prêté par le club breton à Grenade, en Espagne. "On ne m'a pas plus donné ma chance que ça, mais il faut aussi voir que j'ai eu des blessures, confiait le joueur à l’époque à "France Football". Je n'en veux pas à Rennes. Mais je suis content de partir."

L’éclosion en Espagne, la révélation au Mondial

Dans ce modeste club de Liga, l’infatigable dribbleur (5,1 dribbles réussis par match, un record en Espagne) confirme enfin les espoirs placés en lui. Au point que Grenade lève l’option d’achat et l’acquiert définitivement en 2013, pour "seulement" 4 millions d’euros. Entre-temps, Brahimi, après pas mal d’hésitations, finit par opter pour la sélection algérienne, avec qui il participe à la campagne de qualification pour le Mondial-2014.

C’est justement au Brésil que le joueur va enfin montrer l’étendue de ses capacités. Associé devant à Feghouli, il fait des merveilles et permet aux Fennecs d’atteindre pour la première fois les huitièmes de finale d’une Coupe du monde. Et avec l’arrivée de Christian Gourcuff à la tête de l’équipe nationale, sa place est assurée : "Brahimi correspond parfaitement au jeu prôné par Gourcuff, qui avait d’ailleurs essayé de le faire venir à Lorient. Et là, il lui laisse carrément les clés de la sélection", analyse Nabil Djellit.

"Il n’est pas le nouveau Madjer"

À peine le Mondial terminé, le joueur est courtisé par plusieurs clubs au Qatar, tandis que le PSG et l’Atletico Madrid gardent un œil sur lui. Il opte finalement pour le FC Porto, qui le rachète pour 6,5 millions d’euros et instaure immédiatement une clause libératoire à 50 millions. Au Portugal, Brahimi espère suivre les traces de son illustre aîné, l’Algérien Rabah Madjer, où il porte, comme lui, le numéro 8.

Madjer reste une référence à Porto, où il a joué de 1985 à 1991, avec qui il a été trois fois champion du Portugal et a remporté la Ligue des champions en 1987. "Mais il n’est pas le nouveau Madjer, insiste Nabil Djellit. Lui ne restera pas aussi longtemps à Porto. Brahimi appartient à 80 % à un fonds d'investissement : Porto sert de vitrine pour exposer le joueur et le revendre ensuite avec une belle plus-value. Brahimi ne fera pas oublier Madjer, mais il est bien parti pour écrire sa propre histoire."