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L'EI affirme avoir décapité l'otage britannique David Haines

L'organisation de l'État islamique a diffusé, samedi, une vidéo revendiquant la décapitation de l'otage britannique David Haines, en représailles à l'engagement du Royaume-Uni dans une coalition contre l'EI.

L'organisation de l’État islamique (EI) a revendiqué, dans un message vidéo diffusé samedi 13 septembre, la décapitation d'un nouvel otage, le travailleur humanitaire britannique David Haines. Il s'agit de la troisième exécution de ce type en un mois, après celles de deux journalistes américains, également otages en Syrie, James Foley et Steven Sotloff.

"C’est l’énième acte de barbarie de l’organisation de l’État islamique, qui offre à son odieux palmarès l’une de ses plus belles victoires médiatiques à des heures charnières", estime Anne-Sophie Le Mauff, correspondante de France 24 à Bagdad.

Dans cet enregistrement de 2 minutes 27 secondes, authentifié par Londres, il est directement reproché au Premier ministre britannique David Cameron d'avoir rejoint la coalition des États-Unis, qui mènent des frappes aériennes contre l'EI en Irak.

"C’est un message aux politiques et aux dirigeants du monde occidental pour leur faire comprendre que s’il y a un soutien aux adversaires de l’État isIamique, il y aura forcément des représailles sur leur population", décrypte pour France 24 Romain Caillet, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient.

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Romain Caillet, chercheur à l’IFPO

Humanitaire pour une ONG française

Originaire de Perth en Écosse, David Haines était âgé de 44 ans et père de deux enfants. Engagé dans l'humanitaire depuis 1999, il avait travaillé dans des zones de conflit dans les Balkans, en Afrique et au Moyen-Orient, avant d’être enlevé en Syrie en mars 2013. Le Britannique y effectuait sa première mission pour l'ONG française Acted, en tant que responsable logistique dans le camp de réfugiés d'Atmeh, un village près de la frontière turque.

Un acte de barbarie qui ne vise donc pas seulement le Royaume-Uni mais aussi l'Hexagone. "Cette décapitation touche de plein fouet une ONG française, qui survient deux jours après la visite de François Hollande à Bagdad et à Erbil, région autonome du Kurdistan, remarque Anne-Sophie Le Mauff. Une France aux côtés des Kurdes, ce qui déplaît tout à fait à l’organisation de l’État islamique, qui cible bien notre pays."

Cette exécution intervient alors que le président François Hollande inaugurera, lundi, aux côtés de Fouad Massoum, son homologue irakien, la conférence sur la paix et la sécurité en Irak. "La France porte-drapeaux de la lutte antiterroriste est aujourd’hui visée", précise la journaliste.

Londres engagé dans la coalition contre l'EI

L'annonce de l’exécution de David Haines intervient alors que Londres intensifie ses efforts face à la menace de l'EI. Le Royaume-Uni a annoncé mardi l'envoi, pour un montant de 2 millions d'euros, de mitrailleuses lourdes et de munitions aux forces kurdes d'Irak pour lutter contre les jihadistes. Avant cette annonce, Londres avait déjà envoyé de l'aide humanitaire et des armes provenant de pays tiers en Irak.

Dans la vidéo, le bourreau au visage dissimulé, qui pourrait être le même que celui des deux ex-otages américains, fait référence à cet engagement et déclare : "Cet individu britannique doit payer le prix de votre promesse, Cameron, d'armer les peshmerga contre l'État islamique". Il menace par ailleurs d'exécuter un autre otage britannique, qui apparaît à la fin de la vidéo.

Pour le spécialiste de la politique internationale à France 24, Armen Georgian, David Cameron a une décision très difficile à prendre. Elle doit en effet être équilibrée, car tout signe de la poursuite de l'engagement du Royaume-Uni influerait directement sur les "mains de l'EI", en référence au second otage britannique présent sur l'enregistrement.

Un avis que semble partager Romain Caillet. Ce dernier estime que pour sauver les autres otages occidentaux, un contact avec les gouvernements impliqués dans la coalition ne se fera "certainement pas". "Pour les otages de ces pays, il n’y a malheureusement pas grand-chose à faire", conclut-il.

Un "meurtre ignoble et révoltant"

Peu après la diffusion du message, David Cameron a condamné un "meurtre ignoble et révoltant. [...] Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour traquer ces meurtriers et faire en sorte qu'ils répondent de leurs actes, quel que soit le temps que cela prenne", a-t-il affirmé dans un communiqué publié par Downing Street.

Le Premier ministre britannique devait présider dimanche matin une réunion interministérielle de crise (Cobra) pour faire le point sur la situation. Jusqu’ici, Londres n’avait pas exclu d’éventuelles frappes contre l'État islamique, mais cet assassinat pourrait précipiter les choses.

De leur côté, les États-Unis multiplient les initiatives pour bâtir une coalition internationale contre le groupe jihadiste, qui agit en Irak et en Syrie. Peu après la diffusion de cette vidéo, Barack Obama a aussitôt exprimé sa solidarité avec son allié britannique, dénonçant un meurtre "barbare" et réaffirmant sa volonté "d'affaiblir et de détruire cette menace" constituée par l'EI.

Avec AFP et Reuters