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Oscar Pistorius sera bientôt fixé sur son sort

Le champion sud-africain Oscar Pistorius a-t-il tué sa petite amie par accident ou était-ce un acte criminel ? C’est ce que va décider le tribunal sud-africain qui instruit son procès depuis six mois, et qui doit rendre son verdict d’ici samedi.

Tueur par accident ou meurtrier ayant vidé sa colère en dégainant son arme ? Après six mois de procès, la justice sud-africaine doit déterminer à partir de jeudi 11 septembre si Oscar Pistorius est coupable du meurtre de sa petite amie.

Pendant des heures voire un, deux, trois jours, la juge Thokozile Masipa va lire un récapitulatif fleuve des charges et des faits reprochés à l’ancien champion paralympique.

Passible de la perpétuité, 25 ans incompressibles s'il est jugé coupable de meurtre, Pistorius pourrait obtenir une peine plus légère, voire rester en liberté sous caution en attendant d'avoir épuisé tous les recours.

La peine de prison éventuelle ne sera pas prononcée en même temps que le verdict, mais séparément, dans trois ou quatre semaines, à l'issue d'un autre nouveau mini-procès au cours duquel la défense pourra plaider des circonstances atténuantes, le handicap, etc.

L'athlète double amputé est accusé d'avoir tué sa petite amie le 14 février 2013, le jour de la Saint-Valentin. Ce jour-là, Reeva Steenkamp, un mannequin de 29 ans, passait la nuit chez lui. Ils se connaissaient depuis trois mois.

Seul témoin et seul survivant, Oscar Pistorius affirme avoir fait une "erreur" : il aurait cru à l'intrusion d'un cambrioleur et tiré sur la porte fermée de ses WC, sans voir sa victime. L'accusation affirme qu’il s’agit d’un mensonge.

Fierté du handisport

Star des Jeux olympiques de Londres de 2012, Pistorius avait couru avec des valides, une performance couronnant des années de bataille juridique pour faire homologuer ses prothèses en carbone.

La mort de Reeva Steenkamp a brisé sa carrière, mais n'a pas mis fin à l'intérêt des médias qui devraient se bousculer à l'audience à partir de 09h30 (07h30 GMT).

"La juge va lire les charges, normalement en commençant par les charges mineures, puis récapituler tous les faits. C'est pour cela que cela va prendre du temps", explique à l'AFP Maître Audrey Berndt, avocate française au barreau de Johannesburg.

"Ce n'est pas comme dans les films américains où le jury remet un petit papier au juge. Ici, il n'y a pas de jurés, c'est la juge avec ses deux assesseurs qui décident, et ils ne peuvent pas juste donner leur opinion, j'aime ou j'aime pas Pistorius, ils doivent expliquer comment ils sont arrivés à leur décision", dit-elle.

La juge Masipa, depuis le début du procès le 3 mars, s'applique à ne rien laisser au hasard, et à laisser le moins de marge de manœuvre possible à la défense pour se pourvoir en appel.

Elle travaille indirectement à redresser l'image de la justice sud-africaine qui peine à se montrer aussi exemplaire envers la majorité des justiciables, dans un pays où les plus pauvres n'hésitent pas à se faire directement vengeance en groupe contre les auteurs de délits, lynchant pour un vol de portable ou un viol d'enfant.

Oscar Pistorius encourt la perpétuité

Contrairement à l'ex-footballeur américain OJ Simpson, acquitté de l'assassinat de sa femme en 2005, Oscar Pistorius a peu de chance d'être totalement innocenté.

Ce que la justice doit prouver, au-delà du doute raisonnable, c'est l'intention qu'avait Pistorius au moment de tirer. "Le fait que Pistorius ait tiré et tué quelqu'un n'est pas en doute", souligne aussi Me Berndt. "C'est là-dessus qu'ils vont décider s'il est coupable de meurtre, ou d'homicide involontaire", ajoute-t-elle.

Lui-même a affirmé à la barre : "Je n'ai pas eu le temps de penser. J'ai entendu du bruit, j'ai pensé que quelqu'un était venu m'attaquer, donc j'ai tiré." Une version improbable selon l'accusation qui s'appuie sur le témoignage de voisins réveillés par des cris mais qui n'ont rien vu.

Le parquet souligne aussi que Pistorius a tiré quatre fois. Il ne se séparait jamais de son arme, chargée de balles expansives. Il la plaçait sous son lit pour dormir, à l'image de sa mère décédée qui dormait avec un pistolet sous l'oreiller. Oscar Pistorius a dû se soumettre à des examens psychiatriques en juin, mais les experts ont conclu à son entière responsabilité pénale lors des faits.

L'accusation avance aussi que le jeune homme de 27 ans se disputait souvent, même en compétition, et avait tendance à se comporter comme si tout lui était permis, notamment avec les armes à feu. Deux infractions à la loi sur le port d'armes ont été jointes au dossier.

Avec AFP