
Poursuivies pour avoir dégradé une cloche de Notre-Dame, neuf militantes Femen ont été relaxées mercredi matin par le tribunal correctionnel de Paris, faute de preuves. Dans l'après-midi, le parquet de Paris a annoncé qu'il faisait appel.
Les Femen ont eu gain de cause... mais le parquet a annoncé dans la foulée qu'il allait faire appel de la décision de justice. Poursuivies pour avoir dégradé la cloche "Marcel" de Notre-Dame de Paris lors d'un happening début 2013, neuf militantes du groupe d'activistes, connues pour leurs actions seins nus, ont été relaxées mercredi 10 septembre par le tribunal correctionnel de Paris, faute d’éléments incriminants. Les juges ont estimé que les dégradations - en l'occurrence trois éclats sur le dessus de la cloche Marcel (du nom de Saint-Marcel), recouverte de feuilles d'or - avaient pu être causées par des passants ou lors du transport de la cloche.
En revanche, les trois surveillants qui avaient chassé manu militari les militantes de la cathédrale ont été condamnés à des amendes de 300, 500 et 1000 euros avec sursis pour violences sur trois des militantes, dont l'une avait eu une dent cassée.
"Nous sommes très contentes, très satisfaites, mais qu'attendiez-vous d'autre, que nous perdions ?", avait lancé à la presse Inna Shevchenko, chef de file des Femen en France, à la sortie de la salle d'audience. Elle a aussi prévenu que le groupe continuerait ses actions. "Le fait que Notre-Dame et d'autres institutions religieuses essaient de poursuivre des activistes pour leurs critiques de l'Église, c'est une bonne raison pour continuer", a-t-elle ajouté.
"On a allumé un cierge ce matin, on pense que ça marche. On voulait remercier de tout notre coeur l'Église, Dieu et Jésus", a de son côté ironisé Elvire Duvelle-Charles, l'une des militantes, "et on espère quand-même revoir Notre-Dame rapidement, puisqu'on a passé une belle année".
Premier procès des Femen
Le 12 février 2013, les Femen avaient célébré à leur manière le renoncement du Pape Benoît XVI. Entrées incognito dans le flot des touristes, elles s’étaient ensuite dévêtues puis juché sur le socle de trois cloches, exposées provisoirement dans la nef. Les Femen avaient alors crié "Pope no more" ("Plus de pape"), en faisant tinter les cloches avec des morceaux de bois.
En ce jour où allait être adopté à l'Assemblée nationale le projet de loi sur le mariage homosexuel, les militantes avaient aussi scandé sur le parvis "In gay we trust" - Nous croyons en l'homosexualité -, parodie de la devise américaine "In God we trust" ou encore "Dégage homophobe", après avoir été expulsées manu militari de la cathédrale par le service d'ordre.
Il s'agit du premier procès des Femen consécutif à l'une de leurs actions. Un autre doit suivre le 15 octobre. L'une des militantes, qui avait participé à l'action de Notre-Dame, et qui a depuis quitté le mouvement, sera jugée pour "exhibition sexuelle". À l'église de la Madeleine, elle avait mimé fin décembre 2013 un avortement avec des morceaux de foie de veau censés représenter un fœtus, pour dénoncer la perspective de restrictions du droit à l'avortement en Espagne.
Avec AFP