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À l'occasion de la conférence annuelle des ambassadeurs français à Paris, le président François Hollande a jeté les bases de la diplomatie hexagonale au Proche-Orient, en Libye, en Syrie ainsi qu'en Ukraine. Revue de détails.
Le président français, François Hollande, a tracé, jeudi 28 août, la feuille de route de la diplomatie hexagonale pour l'année à venir. Dans un discours prononcé lors d’une conférence annuelle réunissant à Paris les ambassadeurs français, le chef de l’État s’est exprimé sur les graves crises qui agitent les Proche et Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, ainsi que l’Europe de l’Est. Revue de détails.
- Israël-Territoires palestiniens : l’Europe "doit agir davantage"
François Hollande appelle l’Union européenne (UE) à s'impliquer davantage dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Le président français estime que le Vieux Continent ne peut être qu’"un guichet" voué à la reconstruction des Territoires palestiniens après chaque guerre.
"Pour qu'une solution soit enfin trouvée, le rôle des États-Unis est décisif. Mais celui de l'Europe ne l'est pas moins : elle doit agir davantage, a-t-il préconisé. Aujourd'hui, l'urgence est de consolider le cessez-le-feu négocié au Caire." Après 50 jours d'une guerre meurtrière entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, François Hollande somme les deux parties à mettre en œuvre "strictement, rigoureusement et précisément" leurs engagements.
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"Il faut aller vers une levée du blocus progressive et une démilitarisation du territoire [palestinien]", a-t-il souligné, rappelant que Paris avait fait des propositions pour sécuriser la réouverture des points de passage entre Gaza et Israël et l'Égypte. "Mais au-delà, c'est le chemin de la paix qu'il convient de retrouver au plus vite. Chacun en connaît les conditions : un État palestinien démocratique et viable, vivant au côté de l'État d'Israël en sécurité".
- Libye : un "soutien exceptionnel" de l’ONU à Tripoli
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, les autorités transitoires de la Libye ne sont toujours pas parvenues à rétablir l'ordre et la sécurité dans le pays. En proie à des combats meurtriers entre milices rivales depuis la mi-juillet, l’ancienne Jamahiriya constitue la "préoccupation majeure" de François Hollande.
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Aussi demande-t-il aux Nations unies d'organiser un "soutien exceptionnel aux autorités libyennes" pour rétablir l'État, sous peine de voir le terrorisme se répandre "dans toute la région". "Si nous ne faisons rien de sérieux, rien de politique, rien d'international, le terrorisme se répandra dans toute la région", a mis en garde le chef de l'État. François Hollande n'a cependant pas précisé les formes civiles ou militaires du soutien que l'ONU pourrait apporter en Libye.
Mercredi, le Conseil de sécurité de l'ONU a étendu le régime de sanctions internationales visant la Libye pour inclure les différentes milices qui s'affrontent dans le pays. Les sanctions, qui visaient auparavant les partisans de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, sont généralement un embargo sur les armes, un gel des avoirs et une interdiction de voyager.
- Syrie : Assad "ne peut pas être un partenaire de la lutte contre le terrorisme"
François Hollande exclut une quelconque coopération avec le régime de Damas en Syrie et en Irak, où les jihadistes de l'organisation de l’État islamique (EI) contrôlent plusieurs régions.
"Une large alliance est nécessaire mais que les choses soient claires : Assad ne peut pas être un partenaire de lutte contre le terrorisme, c'est l'allié objectif des jihadistes", a-t-il insisté, alors que Damas se dit prêt à coopérer avec Washington. Les États-Unis ont mené une centaine de frappes aériennes contre l'EI en Irak, mais le régime syrien a précisé que toute frappe sur son territoire devait se faire en coopération avec lui.
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Face à la situation en Irak, où les jihadistes de l'EI se sont emparés de plusieurs villes au cours de l'été, la France a fourni une aide humanitaire en soutien aux populations réfugiées. Paris a également livré des armes aux forces engagées en première ligne contre les jihadistes, a-t-il rappelé, mais "nous ne pouvons pas en rester là". "Le soutien doit être amplifié pour préserver l'unité de l'Irak et permettre que chaque communauté puisse vivre en paix", a précisé François Hollande.
Le président français a également rappelé qu’une conférence internationale sur la sécurité en Irak se tiendrait à Paris, dès lors que le gouvernement irakien aura été constitué. Et ce, "pour organiser la coordination de l'action internationale contre l'État islamique, sur les plans humanitaire, sécuritaire mais aussi militaire".
- Russie-Ukraine : Moscou doit "respecter la souveraineté de l’Ukraine"
La situation en Ukraine est "une des crises les plus graves depuis la fin de la guerre froide", a souligné le président français. Il estime en outre que le conflit opposant Kiev à Moscou "met en cause les principes sur lesquels notre sécurité collective est fondée".
Lundi, les autorités ukrainiennes ont annoncé la capture de soldats russes sur leur territoire. Bien qu’une source au ministère russe de la Défense ait assuré que ces militaires avaient passé la frontière "par accident". La Maison Blanche a dénoncé des "incursions militaires" qui constituent, selon elle, "une escalade significative" du conflit dans l'est de l'Ukraine.
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"S'il est avéré que des soldats russes sont présents sur le sol ukrainien, ce serait intolérable et inacceptable", a déclaré de son côté François Hollande. Et de demander à la Russie de "respecter la souveraineté de l'Ukraine" et de "cesser son soutien aux séparatistes".
itD'un côté, le Kremlin "doit contrôler effectivement sa frontière et en terminer avec les transferts d'armes et de matériels, a-t-il ajouté. De l'autre, les autorités ukrainiennes doivent faire preuve de retenue dans les opérations militaires et décider d'une large décentralisation au bénéfice des régions russophones."
François Hollande a indiqué que la France et l'Allemagne étaient prêtes à organiser une nouvelle rencontre entre les présidents ukrainien et russe "dès que les conditions seront réunies". Une première rencontre entre Petro Porochenko et Vladimir Poutine, sous l'égide de François Hollande et Angela Merkel, avait eu lieu en France le 6 juin, à l'occasion des commémorations du débarquement allié en Normandie.
Les deux hommes se sont à nouveau rencontrés en tête-à-tête, mercredi à Minsk, sans grandes avancées concrètes pour une fin du conflit dans l'est de l'Ukraine.
Avec AFP