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Un rapport de l’ONU accuse Damas et l’EI de crimes contre l’humanité

Selon un rapport des enquêteurs de l'ONU sur les crimes commis en Syrie, publié mercredi, le régime syrien et les jihadistes de l'État islamique se rendent coupables de crimes contre l'humanité et devraient être traduits devant la CPI.

La commission mandatée par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU pour enquêter sur les crimes commis par toutes les parties en Syrie a rendu un nouveau rapport accablant ce mercredi 27 août. Et ce que ce soit pour les jihadistes ou pour le régime du président Bachar al-Assad, accusés à l’unisson de crimes contre l'humanité.

Basé sur 480 entretiens, le huitième rapport de cette commission, mise en place en août 2011, détaille les exactions et les atrocités commises par les jihadistes de lorganisation de l'État islamique (EI), mais aussi les massacres perpétrés par les autres groupes non étatiques et les forces gouvernementales.
Ainsi, selon les enquêteurs, les exécutions sommaires publiques de civils les vendredis, dans les zones syriennes sous contrôle de l'EI, seraient devenues un "spectacle ordinaire". Ces exécutions sommaires ont pour objectif d'"instiller la terreur parmi la population" et de s'assurer que cette dernière soit soumise à son autorité, ajoutent-ils.
D'après le rapport, publié à Genève et qui concerne la période du 20 janvier au 15 juillet dernier, les jihadistes, qui constituent "une menace claire et immédiate pour les civils", incitent et forcent même parfois la population à assister à ces exécutions. La majorité des victimes sont des hommes, mais plusieurs garçons âgés de moins de 18 ans ont aussi été exécutés sommairement, ainsi que des femmes.
Les personnes sont abattues par armes à feu, ou bien elles sont décapitées, flagellées ou lapidées. Les corps sont ensuite exposés publiquement, souvent sur des "crucifix", pendant plusieurs jours. En outre, les enquêteurs accusent les jihadistes ultra-radicaux de l’EI de recruter et d'entraîner des garçons âgés de 10 ans dans des camps militaires.
Damas soupçonné d'avoir utilisé du chlore
"Pour combattre l'EIIL (précédent nom de l'État islamique, NDLR) , il faut mettre un terme au conflit", a déclaré aux médias le président de la commission d'enquête, Paulo Pinheiro, mais "il est dangereux de concentrer notre attention sur l'EIIL" car "l'EIIL n'a pas le monopole de la brutalité dans le conflit en Syrie".
En effet, la commission d'enquête soupçonne le pouvoir syrien d'avoir largué par hélicoptères des barils d'explosifs additionnés de chlore, un agent chimique, à Kafr Zeita, à Al-Tamana'a et à Tal Minnis (ouest). "Il existe des motifs raisonnables de croire que les armes chimiques, probablement du chlore, ont été utilisées" huit fois sur une période de 10 jours en avril, écrivent les enquêteurs, qui ont recueilli les confidences de  plusieurs témoins directs de ces attaques.
"On a déjà dit quatre fois aux 15 membres du Conseil de sécurité : 'vous êtes responsables de l'impunité qui règne en Syrie’, a ajouté Paulo Pinheiro, reconnaissant son impuissance à convaincre le Conseil de sécurité, seul organe apte à saisir la Cour pénale internationale (CPI) dans le cas de la Syrie, à agir.
"Cela fait trois ans que l'on rassemble des preuves contre les suspects, chaque jour on a de nouveaux crimes (...) et la communauté internationale n'intervient pas", s'est aussi indigné Carla del Ponte, ancienne procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie et de celui pour le Rwanda, également membre de la commission.
Avec AFP