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La candidate écologiste remplace Eduardo Campos, décédé dans un crash aérien le 13 août près de Sao Paulo. Elle a des chances de bouleverser la donne, en mettant à mal l'avance de Dilma Rousseff dans cette course à la présidence brésilienne.

Suite au décès d’Eduardo Campos dans un accident d'avion le 13 août, l’écologiste Marina Silva, colistière pour la vice-présidence, a accepté, mercredi 20 août, de se porter candidate du Parti socialiste brésilien (PSB) pour l'élection présidentielle au Brésil. Son entrée en lice dans la course électorale fragilise la présidente sortante  Dilma Rousseff et pourrait mettre fin à douze années de pouvoir du Parti des travailleurs

Engagée dans la défense de l’Environnement depuis des années, Marina Silva est aussi une chrétienne convaincue, perçue comme intransigeante aux yeux de ses détracteurs ou fidèle à ses principes selon ses partisans.

Elle a appris à lire à l’adolescence

Aujourd’hui âgée de 56 ans, Marina Silva a grandi dans une communauté de récoltants de caoutchouc et n'a appris à lire qu'à l'adolescence. Elle est entrée en politique en s’engageant dans la lutte contre la déforestation de l'Amazonie. Perçue comme extérieure à la classe politique traditionnelle, elle est particulièrement populaire auprès de la jeunesse et des électeurs indépendants qui souhaitent sortir de l'affrontement entre le Parti des travailleurs (PT) de Dilma Rousseff, et ses adversaires libéraux du Parti social démocrate brésilien (PSDB).

Cela lui avait valu d'obtenir la troisième place à la précédente élection présidentielle en 2010, en tant que candidate du Parti des Verts, avec un score de 19 % nettement supérieur aux prévisions. D'après un récent sondage, la nouvelle candidate arriverait à égalité avec Aecio Neves du PSDB, derrière Dilma Rousseff, au premier tour de cette nouvelle échéance éléctorale qui a lieu le 5 octobre. Eduardo Campos était, quant à lui, crédité d’environ 10 % des intentions de vote, ce qui le plaçait seulement en troisième position.

Dilma Rousseff dans le collimateur de la candidate écologiste

Lors d'une conférence de presse, Marina Silva a d’ores et déjà critiqué le bilan économique de Dilma Rousseff au cours de ses quatre années de présidence, marquées par une croissance en berne et une inflation élevée.

Sa rivalité avec l’actuelle présidente brésilienne n’est pas nouvelle. Ministre de l'Environnement sous la présidence de Luiz Inacio Lula da Silva, Marina Silva s'oppose alors régulièrement à Dilma Rousseff sur des projets de barrages hydroélectriques en Amazonie. À l’époque toutes les deux font parties du Parti des travailleurs. Mais les affrontements réguliers avec les membres du PT, dont Dilma Rousseff, finissent par conduire Marina Silva à la démission.

L’industrie agroalimentaire se méfie d’elle

De part son engagement et sa fermeté, l’écologiste Marina Silva suscite la méfiance du puissant secteur agroalimentaire, qui représente un quart du PIB du Brésil et 44 % de ses exportations, ce qui pourrait lui faire perdre des points dans cette course à la présidence.

Dans l'espoir de surmonter les réticences du puissant lobby, le parti de Marina Silva lui a choisi comme colistier un parlementaire du Rio Grande do Sul, fief de l'industrie agroalimentaire. Cet homme, Beto Albuquerque, a fait adopter il y a 10 ans par le Congrès un texte autorisant l'utilisation de soja transgénique, malgré les objections de Marina Silva.

Mais signe évident que cette dernière a tout de même pris les commandes au sein de son camp, le Parti socialiste brésilien a déclaré qu’il n'acceptera plus les dons de la part des entreprises fabriquant des engrais, des cigarettes, des boissons alcoolisées ou des armes à feu pour financer sa campagne.

Avec Reuters