Près de 150 manifestants ont décidé, dans la nuit de samedi à dimanche, de braver l'état d'urgence et le couvre-feu, décrétés plus tôt dans la journée, à Ferguson, pour crier leur colère après la mort d'un jeune Afro-Américain abattu par un policier.
L'état d'urgence et le couvre-feu n'y ont rien fait. Ils étaient près de 150 manifestants à braver l'interdit pour exprimer leur colère, samedi 16 août, à Ferguson (Missouri), une semaine après la mort d'un adolescent noir, tué par un membre des forces de l'ordre blanc.
"Pas de justice, pas de couvre-feu !", scandaient les derniers manifestants. La police de cette petite ville américaine a fait usage de grenades fumigènes dans la nuit pour disperser un groupe de manifestants, après l'entrée en vigueur, à minuit heure locale, du couvre-feu.
itDes témoins disent avoir entendu des coups de feu, mais l'information n'a pu être vérifiée. CNN a diffusé des images où on voit des manifestants monter dans des véhicules de police, mais les forces de l'ordre n'ont signalé aucune arrestation.
L'ambiance, parmi les manifestants était tendue, contrastant avec l'atmosphère festive de jeudi soir. Le couvre-feu est en vigueur jusqu'à nouvel ordre, a précisé le capitaine de la police des autoroutes, Ron Johnson.
Pillages et regain de tensions
Dans la nuit de vendredi à samedi, déjà, des émeutiers avaient pillé des magasins du centre-ville, après que la police eût révélé que Michael Brown, le jeune afro-américain tué par un policier, était soupçonné d'avoir vol une boîte de cigares. Des accusations qui ont ravivé la colère dans cette ville de la banlieue de Saint-Louis.
À plusieurs reprises, des habitants s'étaient interposés pour empêcher les pillages, notamment devant la boutique dans laquelle Michael Brown, âgé de 18 ans, a été abattu le 9 août dernier, soit 20 minutes après le vol présumé.
La police a également diffusé la vidéo de surveillance de ce magasin où l'on voit un individu, vêtu comme Michael Brown, portant des paquets dans une main. En sortant, il repousse violemment un homme qui semble essayer de l'en empêcher, avant de se retourner pour l'intimider avec sa carrure imposante. La famille s'est dite "scandalisée" par la publication de ces informations destinées, selon elle, à "tenir la victime pour responsable et à détourner l'attention".
Carrière irréprochable du policier
Le chef de la police de Ferguson, Thomas Jackson, a reconnu qu'on ne pouvait dire avec certitude si le policier était au courant du vol quand il a tiré sur Michael Brown. En revanche, il a affirmé que des preuves du vol avaient été retrouvées sur le jeune homme abattu. Le nom du policier, qui avait été dissimulé par peur de représailles, a été révélé vendredi matin : Darren Wilson, qui travaille depuis six ans et n'a jamais posé de problèmes de discipline.
La police locale et la police fédérale (FBI) ont chacune lancé une enquête sur ce meurtre, à propos duquel les récits diffèrent. La mort de Michael Brown a ravivé le spectre du racisme en Amérique, comme après celle de Trayvon Martin, un jeune noir abattu en 2012 par un vigile de quartier en Floride. Le vigile avait été acquitté après avoir plaidé la légitime défense.
Avec AFP