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Ferguson : regain de tensions après des révélations de la police

Des magasins ont été attaqués, dans la nuit de vendredi à samedi, quelques heures après que la police a révélé que Michael Brown, le jeune noir tué par un policier, était soupçonné de vol.

Depuis jeudi, la petite ville américaine de Ferguson, dans le Missouri, semblait s'être apaisée. Grâce à l'intervention très symbolique d'un capitaine de la police locale qui s'est joint aux manifestants pour renouer le dialogue, les émeutes ont cessé, laissant place à des rassemblements pacifiques. Mais ce retour au calme semble encore très fragile. Tôt, samedi 16 août, des émeutiers ont pillé des magasins du centre-ville après que la police a révélé, quelques heures auparavant, que Michael Brown, le jeune afro-américain tué par un policier, était soupçonné de vol.

Des accusations qui ont rallumé la colère dans cette ville de la banlieue de Saint-Louis. Les pillages ont commencé vers minuit, à l'issue d'une manifestations pacifique, lorsque d'un groupe d'individus a attaqué plusieurs magasins, selon plusieurs médias locaux. En plusieurs endroits, la police a tiré des grenades de gaz lacrymogène et des bombes fumigènes, mais est restée le plus souvent à l'écart, dans des véhicules blindés et en tenue antiémeute. "Si vous recevez des informations contradictoires, c'est parce que c'est le chaos ici. C'est mort dans certains endroits, dingue dans d'autres", a écrit sur Twitter Joel Anderson, un journaliste de BuzzFeed.

Des habitants pour protéger les magasins

I'm really proud of those who ran to block looters. They tried to redirect back to the chant "Hands up! Don't shoot!" pic.twitter.com/dARQl1xTyx

— Antonio French (@AntonioFrench) 16 Août 2014

À plusieurs reprises, des habitants se sont interposés pour empêcher les pillages et sont restés sur place pour protéger les magasins. Certains ont notamment formé un cordon devant la boutique dans laquelle Michael Brown, abattu le 9 août dernier, aurait volé une boîte de cigares, et ont évité qu'elle soit pillée, a rapporté la chaîne de télévision CNN.

Dans un compte-rendu remis à la presse, la police de Ferguson a lié le jeune homme de 18 ans à ce vol de cigares d'une valeur de 48,99 dollars, intervenu 20 minutes avant la fusillade fatale. La police a également diffusé la vidéo de surveillance de ce magasin où l'on voit un individu, vêtu comme Michael Brown, portant des paquets dans une main. En sortant, il repousse violemment un homme qui semble essayer de l'en empêcher, avant de se retourner pour l'intimider avec sa carrure imposante. La famille s'est dite "scandalisée" par la publication de ces informations destinées, selon elle, à "tenir la victime pour responsable et à détourner l'attention".

Carrière irréprochable du policier

Le chef de la police de Ferguson, Thomas Jackson, a reconnu qu'on ne pouvait dire avec certitude si le policier était au courant du vol quand il a tiré sur Michael Brown. En revanche, il a affirmé que des preuves du vol avaient été retrouvées sur le jeune homme abattu. Le nom du policier, qui avait été dissimulé par peur de représailles, a été révélé vendredi matin : Darren Wilson, qui travaille depuis six ans et n'a jamais posé de problèmes de discipline.

La police locale et la police fédérale (FBI) ont chacune lancé une enquête sur ce meurtre, à propos duquel les récits diffèrent. La mort de Michael Brown a ravivé le spectre du racisme en Amérique, comme après celle de Trayvon Martin, un jeune Noir abattu en 2012 par un vigile de quartier en Floride. Le vigile avait été acquitté après avoir plaidé la légitime défense.

Avec AFP