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Ebola : au Liberia, la Croix-Rouge peine à sensibiliser la population

Au Libéria, les équipes de la Croix-Rouge peinent toujours à convaincre les malades d'Ebola à se rendre dans les hôpitaux. En cause : d’innombrables rumeurs faisant état de vols d’organes dans les structures de soins.

Mamei refuse de parler aux équipes de la Croix-Rouge. Cette Libérienne, habitant la province de Lofa, dans le nord du pays, est pourtant susceptible d’avoir contracté Ebola. Son mari et son fils viennent de se faire emporter par la maladie. Mais à l'approche des équipes médicales, elle se mure dans le silence.

"Quand on vient les voir chez eux, ils ont peur qu'on leur dise qu'ils sont touchés par Ebola. Quand ils nous voient, certains se mettent immédiatement à pleurer. C'est pourquoi nous avons besoin de nos services sociaux, qui sont à nos côtés quand il faut aller leur parler", explique Beyoh Peter Fayiah, membre de la Croix Rouge libérienne.

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Mamei n’est pas la seule à avoir peur. Dans la ville de Voinjama, l’une des zones les plus touchées par le virus, la maladie a déjà tué une vingtaine de personnes, et de nouveaux cas sont recensés chaque jour. Pourtant, paradoxalement, le plus grand hôpital de la région, non loin de là, ne connaît pas une forte affluence.

En cause : de nombreuses rumeurs faisant état de vols d’organes lorsque les patients se rendent à l’hôpital pour se faire soigner. "Il y a toutes sortes de théories, toutes sortes de rumeurs qui circulent, comme quoi nous volons des reins, nous prenons le sang des gens, nous les aspergeons avec un produit qui les tue", déplore le docteur Musa Zuanah, le directeur du Tellewoyan Memorical Hospital.

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Les choses commencent tout juste à changer, les mentalités à évoluer, mais pas assez vite au regard de la progression de la maladie. L'épidémie d'Ebola, la plus grave depuis l'apparition de cette fièvre hémorragique en 1976, a fait 1 013 morts en Afrique de l'Ouest, dont 323 au Liberia. Et les moyens pour lutter contre ne sont pas suffisants : au Liberia, les centres de traitement sont trop petits, les équipes médicales sont en sous effectif, et la logistique défaillante du système de santé empêche de combattre efficacement le virus.