Passée à l'offensive, dimanche, contre les Taliban qui tentaient d'étendre leur emprise sur le nord-ouest du pays, l'armée pakistanaise déclare avoir repris, ce mercredi, le contrôle de Daggar, la principale ville du district de Buner.
Reuters - Des soldats pakistanais ont pris le contrôle de la principale ville de la vallée stratégique de Buner mercredi, après avoir été héliportés derrière les lignes des taliban, et ont tué plus de 50 activistes en deux jours de combats, a annoncé l'armée.
La progression des taliban ce mois-ci dans une région située à 100 km seulement au nord-ouest d'Islamabad a provoqué une onde de choc au Pakistan, en faisant craindre aux Etats-Unis une déstabilisation accrue de cette puissance nucléaire alliée qui se trouve en première ligne dans le conflit d'Afghanistan. "Nous assurons à la nation que les forces armées ont la capacité de repousser n'importe quel type de menace", a dit le général Athar Abbas, porte-parole de l'armée, lors d'une conférence de presse à Rawalpindi, ville-garnison proche de la capitale.
Le Pakistan avait mobilisé avions de chasse et hélicoptères de combat mardi pour l'opération menée à Daggar, a-t-il précisé. "Hier soir, après le raid aérien, des hélicoptères ont attaqué les vauriens et ont fait plus de 50 victimes dans leurs rangs", a-t-il ajouté en faisant état d'un soldat tué. Cette preuve de détermination du Pakistan sur le plan militaire est propre à rassurer l'administration américaine alors que le président Barack Obama s'apprête à recevoir les 6 et 7 mai prochains à la Maison blanche ses homologues afghan, Hamid Karzaï, et pakistanais, Asif Ali Zardari.
Encouragement des Etats-Unis
L'opération a débuté mardi dans la vallée de Buner, mais l'armée était passée à l'offensive dès dimanche contre les islamistes, qui avaient étendu leur emprise de la vallée de Swat vers les districts de Lower Dir, Shangla et Buner de la province de la Frontière du Nord-Ouest.
"Les forces aéroportées ont opéré une jonction avec la police et la police des frontières à Daggar. Une jonction avec les forces au sol est en cours", avait indiqué un peu plus tôt le porte-parole de l'armée.
Des habitants de Daggar ont dit avoir vu les soldats pakistanais descendre des hélicoptères en rappel. Tirs et explosions ont résonné par intermittence.
Les soldats ont libéré 18 des quelque 70 policiers et miliciens qu'avaient enlevés les activistes mardi, a dit Abbas.
Trois membres d'une équipe d'Al Djazira ont été blessés en essuyant des tirs à Buner, selon le site internet de la chaîne
de télévision.
Selon l'armée, un demi-millier d'islamistes armés se trouvent dans la vallée de Buner, à environ 140 km au sud-est de la frontière afghane. L'état-major a estimé qu'il faudrait peut-être une semaine pour les en déloger.
Les autorités pakistanaises assurent que la présence de quelques centaines d'activistes dans cette zone de montagne n'a jamais constitué une véritable menace pour la capitale.
Mais Ikram Seghal, ancien officier devenu analyste militaire, est d'un autre point de vue : pour lui, les taliban auraient pu emprunter la vallée de Buner pour avancer sur le barrage de Tarbela, qui alimente Islamabad en eau et électricité.
"Il est très important, tant psychologiquement que tactiquement et stratégiquement, de faire en sorte que Buner soit libérée de ces taliban", dit-il.
Le Pentagone a exhorté le Pakistan à poursuivre son offensive. "L'essentiel est de maintenir ces opérations au même rythme et de talonner les activistes pour finir par les vaincre", a dit son porte-parole Geoff Morrell.