Le monde agricole français va pâtir de l’embargo russe contre l’Europe et l’Amérique du nord sur la majorité des produits de cette filière. Mais la force des exportations françaises vers la Russie vient plutôt de l’aéronautique et des médicaments.
Le monde agricole et, plus généralement, la filière agroalimentaire française, est en ébullition depuis jeudi 7 août. Les Russes ne veulent plus des pommes, du beurre ou encore de la viande et des produits laitiers européens, américains, australiens et canadiens. Le président russe Vladimir Poutine a décrété un embargo pour un an sur tous ces produits en réponse aux sanctions économiques qui pèsent sur son pied depuis le début du conflit en Ukraine.
Mauvaise nouvelle pour la filière française. La Russie est, en effet, un débouché important. À quel point ? C’est le problème, car tout le monde n’est pas d’accord sur les chiffres. C’est même un joyeux bazar de statistiques. D’après les douanes françaises, l’Hexagone a exporté 619 millions d'euros de produits agroalimentaires vers la Russie en 2013. Que nenni, lui répondent leurs homologues russes, qui chiffrent les importations depuis la France à près d’un milliard d’euros. Interrogé par le quotidien économique “La Tribune”, Olivier Bouillet, directeur du bureau en Ukraine d'Agritel, cabinet indépendant expert des matières premières agricoles, arrive, quant à lui, à 745,81 millions d'euros. Des différences dues, notamment, à la manière de comptabiliser les exportations. Les douanes françaises ne prennent en compte que les produits qui vont directement en Russie, tandis qu’à Moscou on retient tout ce qui vient de France, même si le légume ou la viande a fait plusieurs haltes sur son chemin avant d’atteindre le sol russe.
Des pommes, des avions et des médicaments
En France, les agriculteurs et éleveurs en ont avalé leurs pommes et autres fruits et légumes de travers. La Russie est, en effet, le premier importateur mondial de fruits frais depuis trois ans et vient faire ses courses en Europe. "La France exporte à peu près 50 000 tonnes de fruits et légumes frais en direct vers la Russie", assure Daniel Soares, responsable marketing international d’Interfel, l’interprofession des fruits et légumes frais au quotidien gratuit français "20 Minutes".
Les Russes raffolent particulièrement de la pomme française. Elle représentait, en 2012, 54 % de l’ensemble des fruits et légumes exportés vers la Russie (devant la pomme de terre et la tomate). En mai 2014, la valeur des pommes expédiées depuis la France vers Moscou s’élevait à 1,14 millions d’euros, d’après les derniers chiffres des douanes françaises.
Le vin et les boissons alcoolisées français sont l’autre péché mignon agroalimentaire des Russes. La France leur en a vendu pour 145 millions d’euros en 2012. Heureusement pour les viticulteurs et autres fabricants de cognac et eaux de vie, (4,5 millions d’euros d’exportation vers la Russie en mai 2014) cette catégorie n’a pas subi les foudres de Poutine.
Dans l’ensemble, les produits affectés par l’embargo russe ne représentent que moins de 8 % de l’ensemble des exportations vers la Russie, d’après la direction générale du Trésor français. Pas de quoi chambouler en profondeur la balance commerciale française avec Moscou. L’Hexagone se repose davantage sur tout ce qui est transports et médicaments pour faire de l’argent en Russie. Ainsi, la palme des exportations est revenue, en mai, aux matériels pour avions et hélicoptères civils, devant les médicaments, d’après les données des douanes françaises. À elles seules, ces deux catégories de produits représentent plus de 140 millions d’euros de biens envoyés vers la Russie en un mois.
Les exportations stars de la France en Russie
Aucun produit n'est touché par l’embargo russe dans le top 10 des catégories de biens qui s’exportent le mieux en Russie, d’après les données de mai 2014 des douanes françaises. Le beurre français (1,15 million d’euros) aurait été la première victimes des sanctions. Voici la liste des dix principaux produits d’exportations hexagonaux vers la Russie :
- Parties d’avions ou d’hélicoptères : 87 042 191 euros.
- Médicaments : 45 369 989 euros.
- Moteurs à piston : 11 725 201 euros.
- Mélanges conçus pour donner des arômes aux aliments et boissons : 11 445 233 euros.
- Produits chimiques : 10 270 995 euros.
- Catalyseurs : 8 855 254 euros.
- Eaux de toilettes et parfums : 8 661 563 euros.
- Insecticides : 6 474 429 euros
- Éléments pour turbines à gaz : 7 870 287 euros
- Éléments pour turboréacteurs : 5 188 026 euros