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Les ministres français et britannique des Affaires étrangères sont arrivés au Sri Lanka pour tenter d'obtenir un "cessez-le-feu humanitaire" dans le nord-est de l'île où se déroulent de violents combats entre l'armée et les rebelles tamouls.

AFP - Les ministres des Affaires étrangères britannique David Miliband et français Bernard Kouchner sont arrivés mercredi matin à Colombo, capitale du Sri Lanka, afin de tenter d'obtenir un "cessez-le-feu humanitaire", a indiqué un responsable officiel français.

MM. Miliband et Kouchner sont arrivés par avion vers 06H00 (00H30 GMT) à l'aéroport de la capitale sri-lankaise, a dit à l'AFP Eric Chevallier, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

Leur homologue suédois Carl Bildt, qui devait faire partie du voyage, s'était vu mardi refuser d'entrer dans le pays.

La visite conjointe des chefs de la diplomatie britannique et française constitue le plus important déplacement international au Sri Lanka depuis le lancement début janvier de l'offensive "finale" de l'armée sri-lankaise contre les rebelles des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE).

MM. Miliband et Kouchner doivent "réitérer les appels de la communauté internationale au cessez-le-feu, au respect du droit international humanitaire et à la protection des civils", a indiqué le ministère français des Affaires étrangères.

Les deux hommes doivent s'entretenir dans la matinée avec leur homologue Rohitha Bogollagama puis se rendre à Vavuniya, dans le nord, où vivent quelque 200.000 réfugiés, qui ont quitté la zone de guerre ces derniers mois.

Selon les Nations unies, plus de 100.000 personnes ont pu fuir cette région du conflit, dans le nord-est, depuis qu'a commencé le 20 avril un exode massif de civils tamouls. Il en resterait au moins 50.000 coincés avec les Tigres sur une bande côtière de six km2.

Lundi, le responsable des Affaires humanitaires de l'ONU, John Holmes n'avait pas obtenu de Colombo un feu vert pour faire entrer une équipe humanitaire dans cette zone.


Mais le ministère sri-lankais des Affaires étrangères a assuré que M. Bildt n'avait pas formellement déposé de demande de visa et qu'"il n'y avait pas eu de consultations formelles préalables concernant (sa) venue", contrairement aux cas de MM. Kouchner et Miliband.

Colombo a trouvé "extrêmement regrettable d'être accusé à tort d'empêcher cette visite" en ajoutant qu'une autre était programmée "début mai".

La Suède fut un temps membre de la Mission scandinave de surveillance d'un cessez-le-feu scellé en février 2002 --sous l'égide de la Norvège-- entre les rebelles tamouls et le Sri Lanka et que Colombo a rompu en janvier 2008.

A cette date, les ministres des Affaires étrangères de cinq pays nordiques, dont M. Bildt, s'étaient dits préoccupés par la rupture de la trêve, ce qui avait profondément agacé le Sri Lanka.

Le responsable sri-lankais a été plus loin.

"Nos ministres ne peuvent pas se rendre dans des capitales (étrangères) comme ça et n'ont même pas l'occasion de voir un sous-ministre. Mais certains de ces (ministres étrangers) pensent qu'ils peuvent atterrir dans notre aéroport et se voir dérouler le tapis rouge", a-t-il lancé.

"Nous ne sommes pas une colonie, ni un pays du Tiers Monde en banqueroute", a fustigé ce diplomate d'un pays qui fut colonie britannique de 1815 au 4 février 1948.

Et puis "nos principaux donateurs sont en Asie, pas en Europe!", a-t-il rappelé, alors que le Japon est le premier bailleur de fonds, loin devant les Etats-Unis, l'UE et la Norvège. Pékin prête aussi beaucoup d'argent à Colombo.