Bien que la grande majorité des vols en direction et en provenance d’Afrique de l’Ouest, où sévit l’épidémie du virus Ebola, sont maintenus, aéroports et compagnies aériennes sont mobilisés pour empêcher toute propagation de la maladie.
Bien que de nombreux pays, à l’instar de la France, recommandent de suspendre tout projet de voyage en Guinée, Sierra Leone, Liberia et Nigeria, les quatre pays où des cas de fièvre hémorragique Ebola sont avérés, la grande majorité des compagnies aériennes n’ont pas encore pris de mesures drastiques concernant leurs liaisons en Afrique de l’Ouest. Des procédures de prise en charge d’éventuels cas suspects ont toutefois été établies.
En quoi les compagnies aériennes sont-elles concernées par le virus Ebola ?
Parce qu'ils relient les zones à risque aux pays épargnés, les vols internationaux des compagnies aériennes peuvent être un vecteur de propagation de l’épidémie. Un seul passager atteint par le virus pourrait théoriquement en infecter des centaines d’autres, qui, par la suite, pourraient s’envoler vers des dizaines d’autres régions du monde.
Ebola : 932 décès en Afrique de l'Ouest, selon l’OMS
L'épidémie de fièvre hémorragique Ebola a tué 932 personnes en Afrique, selon un nouveau bilan diffusé mercredi 6 août par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ce bilan établi au 4 août fait état de 1 711 cas recensés dans quatre pays d'Afrique de l'Ouest (Guinée, Liberia, Sierra Leone et Nigeria).
Les autorités sanitaires soulignent toutefois que le virus Ebola ne se transmet qu’au contact direct avec les liquides biologiques (sang, sueur, salive, sperme, matières fécales) des personnes infectées. Le risque qu’un passager atteint du virus Ebola en contamine un autre est donc minime. De fait, les compagnies aériennes craignent davantage les maladies respiratoires, type syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), dont la transmission se fait à travers l'inhalation de gouttelettes présentes dans l’air.
Quelles sont les mesures prises par les compagnies aériennes ?
En France, pour parer à tout risque d'importation du virus, le ministère de la Santé a envoyé aux compagnies aériennes des consignes de prise en charge d'éventuels cas suspects. Selon Air France, la conduite à tenir inclut l'isolement, le port du masque et des toilettes réservées pour le passager suspect, le port de gants et l'utilisation de gel hydro-alcoolique pour le personnel navigant ainsi que le relevé des identités des passagers en contact avec le cas suspect.
Brussels Airlines a mis à disposition des membres d’équipage des appareils spéciaux permettant de vérifier, s’ils le jugent nécessaire, la température des passagers.
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Les compagnies suspendront-elles leurs vols à destination de l’Afrique de l’Ouest ?
La compagnie Emirates fut la première à annoncer, jeudi 31 juillet, une suspension de ses vols à destination et en provenance de la Guinée. Le mardi 5 août, British Airways a quant à elle interrompu jusqu’au 31 août ses liaisons avec le Liberia et la Sierra Leone "en raison de la détérioration de la situation sanitaire dans les deux pays".
Pour l’heure, les autres compagnies européennes maintiennent leurs liaisons en direction de l’Afrique de l’Ouest et n’ont fait aucune annonce allant dans le sens d'une suspension imminente. L’allemande Lufthansa juge, par exemple, "qu’il n’existe aucun risque d’être infecté par Ebola durant un vol".
Seule compagnie américaine à desservir Monrovia, Delta Airlines n’a encore annulé aucun vol en direction de la capitale libérienne. Ses vols en direction et en provenance de Dakar (Sénégal), Accra (Ghana) et Lagos (Nigeria) sont également maintenus. United Airlines, qui assure des liaisons avec Lagos, n’a encore annoncé aucune mesure particulière.
La Côte d'Ivoire a annoncé lundi 11 août, la suspension des vols de sa compagnie nationale vers et depuis les pays affectés par le virus. Le pays a également interdit aux autres compagnies de transporter des passager en provenances de ces pays vers la Côte d'Ivoire. Les compagnies panafricaines Arik et Asky avaient auparavant suspendu leur vols vers et depuis le Liberia et la Sierra Leone après la mort d'un passager libérien fin juillet à Lagos, au Nigeria.
La compagnie Emirates, basée à Dubaï, a également annoncé la suspension "jusqu'à nouvel ordre" de tous ses vols vers la Guinée.
Quelles dispositions sont prises dans les aéroports ?
Londres et Paris sont, en Europe, deux des principaux carrefours aériens pour les quatre pays d’Afrique de l’Ouest où le virus se propage. Le gouvernement britannique a fait parvenir au personnel des aéroports londoniens les moyens d’identifier les symptômes d’une personne infectée.
Dans les aéroports parisiens, des dépliants d’information du ministère de la Santé invitent les voyageurs se rendant en Afrique de l’Ouest à ne pas se déplacer dans les zones de foyer de l'épidémie, de ne pas manipuler ou consommer de viande de brousse, de se laver fréquemment les mains et d'éviter les contacts avec des malades ayant une forte fièvre, des troubles digestifs ou des hémorragies.
Dans les aéroports des pays touchés par l’épidémie, les voyageurs doivent remplir un questionnaire avant d'être soumis à un test de température dans l'enceinte de l'aéroport, sous peine de ne pas obtenir leur carte d'embarquement.
Les compagnies aériennes ont-elles déjà été confrontées à un risque de propagation d’un virus mortel ?
En 2003, la propagation du SRAS obligea la grande majorité des aéroports internationaux à procéder à des tests de dépistage sur les passagers. Apparue d’abord en Asie, cette maladie respiratoire s’était ensuite étendue dans une vingtaine de pays d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et d’Europe. Durant l’épidémie, quelque 8 000 personnes ont contracté le SRAS, 774 en sont mortes.
Avec AFP