Un mois après le séisme qui a fait 300 morts, les sinistrés des Abruzzes recommencent à sourire. Malgré la terre qui continue de trembler chaque jour, malgré la crainte d’être oubliés par les responsables politiques et les médias.
La pluie battante, les nuits froides en cette zone de montagne sont devenus le quotidien des 40 000 sinistrés vivant désormais sous les tentes montées dans toute la région par la Protection civile.
Le stade de rugby de L’Aquila a été transformé en campement d’urgence. Trois semaines après le tremblement de terre qui a fait près de 300 morts, des rescapés tentent de s’y organiser une nouvelle routine. C'est le cas pour Maria Elena Rattilio qui vit sous la tente avec 12 membres de sa famille.
"Disons que c’est une normalité qui n’est pas la normalité à laquelle nous étions habitués, raconte-t-elle. Une normalité temporaire dans l’attente, espérons, d’avoir rapidement une nouvelle vie… On est parfois en colère, même si on a encore l’impression d’avoir été graciés, d’être vivants par miracle."
Sa maison est encore debout, mais les autorités l’empêchent d’y retourner pour des raisons de sécurité.
"Nous avons envie de recommencer au plus tôt, dit Maria Elena. C’est aussi une des raisons pour lesquelles nous ne nous sommes pas enfuis. Parce que nos racines sont ici. Il ne nous a pas semblé juste de tout abandonner."
C’est dans le gymnase d’une école de police en périphérie de L’Aquila que se joue le destin des sinistrés et l’avenir de cette région : le centre névralgique de l’assistance et des opérations de reconstruction. Politiques, techniciens, avocats, pompiers et militaires y travaillent tous réunis sous le même toit.
"On a l’urgence de transférer la plupart de ces personnes qui sont dans des tentes vers des logements qu’on pourrait qualifier de ‘normaux’", affirme Agostino Miozzo, directeur général de la Protection civile nationale.
"L’urgence c’est d’arriver à avoir cette solution avant l’hiver." Tel est l’engagement du Premier ministre, Silvio Berlusconi. En octobre, quand la neige commencera à tomber, plus personne ne vivra sous les tentes. Il en va de sa réputation d’homme d’action dans un pays où, lors de précédents désastres naturels, les mesures temporaires ont persisté pendant des années.
Reprendre le chemin de la normalité, c’est aussi retrouver celui de l’école pour des milliers d’enfants, même sous les bâches. A deux pas de son lit de camp, Maria Elena, la rescapée, redevient l’institutrice qu’elle était avant le tremblement de terre.
"Nous improvisons un peu dans ces premiers moments, dit-elle. Mais les collègues sont pleins de bonne volonté. Donc même en improvisant, on y arrive."
"Même si ce n’est pas la vraie école, le fait de reprendre les leçons a été une des plus belles choses", reconnaît Liberata De Santis, elle aussi rescapée, alors qu’elle vient récupérer sa fille de 6 ans après la classe. Cela aide les enfants à oublier les mauvais moments."
Grâce à l’assistance, les sinistrés des Abruzzes recommencent à sourire, malgré la terre qui continue de trembler chaque jour, malgré la crainte d’être oubliés, après les visites du pape, du cirque médiatique et des promesses des politiques.