Alors que la crise en Ukraine se poursuit, la Russie a une nouvelle fois été sanctionnée, mardi, pour son soutien aux séparatistes. À quelques heures d'intervalle, Bruxelles et Washington se sont attaqués à des secteurs clés de l'économie russe.
Il ne s’agit pas d’une "nouvelle guerre froide". Quelques heures seulement après l’annonce de nouvelles sanctions européennes contre la Russie pour son rôle déstabilisateur dans l’est de l’Ukraine, Barack Obama a, à son tour, durci le ton contre Moscou, mardi 29 juillet.
"Aujourd'hui, les États-Unis imposent de nouvelles sanctions sur des secteurs clés de l'économie russe : l'énergie, l'armement, la finance", a déclaré le président Obama, saluant les mesures similaires prises par l'UE, qui démontrent, selon lui, que les Européens perdent patience avec le président russe Vladimir Poutine. "Nous bloquons les exportations de certains biens et technologies à destination du secteur énergétique russe. Nous élargissons nos sanctions à d'autres banques et groupes de défense. Nous suspendons officiellement les crédits et les financements pour des projets de développement en Russie", a-t-il détaillé.
Le Trésor américain a précisé que les États-Unis interdisaient désormais à ses ressortissants d'effectuer certaines transactions impliquant des financements sur le long terme avec la VTB, deuxième banque de Russie, la Banque de Moscou, l'une de ses filiales, et la Banque agricole russe, premier prêteur de l'agriculture russe.
Les sanctions continueront de faire augmenter la pression sur Moscou, a déclaré le président américain, ajoutant que les mesures de rétorsion existantes avaient affaibli un peu plus une économie russe déjà fragile. Les marchés financiers russes ont notamment été fortement ébranlés après le crash de l’avion de la Malaysia Airlines, attribué à un tir de missile des séparatistes pro-russes, le 17 juillet.
Malgré la hausse surprise des taux annoncée vendredi 25 juillet par la banque centrale russe pour calmer la tempête, le rouble a chuté à son plus bas niveau depuis deux mois, mardi, face à l'euro.
Dans le sillage de l’Union européenne
Un peu plus tôt dans la journée, l’Union européenne (UE) avait elle-même formellement adopté de nouvelles mesures de rétorsion afin de pousser Vladimir Poutine à fermer la frontière russo-ukrainienne et empêcher ainsi que des armes ne soient fournies aux séparatistes en Ukraine. Réunis à Bruxelles, les ambassadeurs des 28 ont ainsi décidé de frapper directement l'économie russe avec des mesures fortes : blocage de l'accès des marchés financiers européens aux entreprises russes et interdiction de ventes d'armes et de technologies sensibles dans le domaine de l'énergie et des biens à double usage militaire et civil à la Russie.
Bruxelles a également décidé de bloquer les avoirs de quatre hommes d'affaires russes proche du président Vladimir Poutine, accusés de bénéficier de l'annexion de la Crimée ou de soutenir activement la déstabilisation de l'est de l'Ukraine. C'est la première fois que l'UE s'attaque aux milieux d'affaires proches du pouvoir en Russie et c'est un signal très clair de sa détermination à réagir pour sanctionner les opérations de déstabilisation en Ukraine, a-t-on souligné à Bruxelles.
Pour le président américain, le fait que les Européens, qui ont des liens économiques étroits avec la Russie, aient adopté ces mesures, démontre que "la patience de l'Europe vis-à-vis du président Poutine, dont les mots ne sont pas suivis d'actes, s'effrite". Barack Obama a néanmoins écarté la perspective d’une nouvelle guerre froide. "Non, ce n'est pas une nouvelle guerre froide. C'est un problème très spécifique lié à l'attitude de la Russie qui refuse de reconnaître que l'Ukraine peut suivre sa propre voie. Aujourd'hui, la Russie s'isole une nouvelle fois de la communauté internationale, ce qui constitue un retour en arrière après des décennies de réels progrès", a poursuivi le président Obama. "Ce n'était pas inéluctable. C'est un choix que la Russie et le président Poutine en particulier ont fait".
Le site du crash aérien toujours inaccessible
Sur le terrain, les forces ukrainiennes ont intensifié leur offensive ces derniers jours et ont revendiqué, mardi, de nouvelles prises, notamment le village de Stepanovka, à environ 80 kilomètres à l'est de Donetsk. Cette zone située entre la frontière russe et le site où le Boeing malaisien s'est écrasé, est le théâtre de violents combats.
Parallèlement, les experts néerlandais et australiens ont dû renoncer, pour le troisième jour consécutif, à se rendre sur les
lieux de l'accident du vol MH17 où demeurent débris et dépouilles, chaque jour qui passe rendant l'enquête sur la catastrophe aérienne plus compliquée.
Avec AFP et Reuters