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Tour de France : le Chinois Cheng Ji, lanterne rouge et fier de l'être

Depuis le début du Tour, Cheng Ji suscite la curiosité. Premier Chinois à participer à la Grande Boucle, il est en passe de réussir son pari en la terminant. Même s'il est dernier au classement, ce "tueur d'échappées" a de nombreux admirateurs.

Quelques minutes avant le départ de la 18e étape entre Pau et Hautacam, les journalistes sont nombreux devant le car de l'équipe Giant Shimano. La plupart ne sont pas là pour interviewer le leader de la formation, le sprinteur allemand Marcel Kittel, mais pour échanger quelques mots avec son coéquipier Cheng Ji.

Premier Chinois à prendre part au Tour de France, ce coureur de 26 ans est l'une des attractions de l'édition 2014. Un statut qui a fini par agacer le principal intéressé. "Je suis un peu fatigué des questions. Durant le Tour, les médias n'ont pas arrêté de me poser les mêmes, au départ, après la course ou à l'hôtel", avoue à FRANCE 24 le cycliste asiatique, également diminué par une blessure au genou.

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Cheng Ji s'énerve même un peu lorsqu'on l'interroge sur sa position de bon dernier au classement, à la 166e place. Alors que les médias s'amusent de voir un Chinois dans le rôle de la "lanterne rouge", il ne préfère même pas y penser: “J'ai beaucoup travaillé sur les dernières étapes. En montagne normalement, je ne suis pas mauvais, mais parfois, je dois attendre mes coéquipiers comme Marcel Kittel pour qu'ils terminent dans les temps. Peut-être que vous ne me voyez pas dans le groupe de tête, mais je travaille dur à l'arrière. Je me fiche du chrono. Je suis là pour aider mon équipe.”

Cheng Ji balaye aussi les critiques de ceux qui l'accusent de ne pas avoir sa place dans le peloton et d'être un "coup marketing" pour promouvoir le cyclisme dans son pays. "Je fais juste mon boulot. Quand les gens comprennent le vélo, ils peuvent voir que c'est faux”, répond-il sans détour, avant de remonter très vite dans le bus pour se concentrer avant le départ.

"Le tueur d'échappées"

Au sein de la formation Giant Shimano, Cheng Ji a en effet un rôle bien précis. Surnommé "le tueur d'échappées", il doit empêcher toute tentative de fugue durant la course, afin de mieux préparer un sprint final pour son leader. Le directeur sportif de l'équipe, Christian Guiberteau, estime qu'il a parfaitement rempli ce rôle durant le Tour : “Il est toujours là et en soi, c'est quelque chose ! Il a fait un travail intéressant pour les gars en contrôlant les échappées”. Pour le responsable de Giant Shimano, le coureur chinois a beaucoup progressé en trois semaines : "Son problème, c'était souvent le positionnement quand cela frotte dans le peloton, car il n'a pas un énorme gabarit. Mais il a passé des paliers ici, il a vu le plus haut niveau. Il s'est amélioré, surtout pour ramener des bidons dans des moments critiques. C'est plus difficile de le faire sur le Tour”.

Même si Cheng Ji ferme la marche du classement, Christian Guiberteau reconnaît que ce dernier a apporté à sa manière beaucoup à son équipe. En devenant "la lanterne rouge", il est même devenu l'un des chouchous du public. "Oui, on ne va pas se le cacher. Le Tour, c'est là où se joue les retombées médiatiques. Grâce à Cheng Ji, on a beaucoup parlé parlé de Giant Shimano. C'est important pour le business et la visibilité du sponsor. Un premier Chinois au Tour, cela a marché", assume le directeur sportif. "Mais il n'a pas été ridicule du tout, il a justifié sa place sportivement", insiste-t-il.

Nous sommes fiers de lui”

Pour preuve de cette grande popularité, de nombreux touristes asiatiques, vêtus du maillot de la formation néerlandaise se prennent en photo devant le car des coureurs. La plupart sont taïwanais, comme Jeff Huang. "Je suis plus fan de Marcel Kittel, mais à Taïwan, nous sommes fiers de Cheng Ji car il est le premier Chinois à participer au Tour", explique ce jeune homme qui travaille pour la marque de vélos Giant à Taïwan.

Chengchia Tsou a lui aussi fait le voyage depuis cette île du sud-est de la Chine pour assister à la Grande Boucle : "J'étais fan du Tour de France avant de connaître Cheng Ji, mais c'est vrai que cette année est spéciale car il y a un Chinois”. Pour cet amateur de vélo qui regarde l'épreuve depuis des années à la télévision, le "tueur d'échappées" a su gagner le respect de tout le peloton : "Il travaille vraiment dur. Ce n'est pas facile pour un asiatique de participer au Tour". Un exemple qui ne va pas manquer de susciter des vocations à l'autre bout du monde. "Avec le succès de Cheng Ji, ici, c'est sûr que le vélo est en train de devenir de plus en plus populaire en Chine”.