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À quelques jours de l'arrivée du Tour de France, la victoire est pratiquement acquise pour l'Italien Vincenzo Nibali. Sur la route de la Grande Boucle, les supporters italiens attendent un nouveau champion depuis Marco Pantani en 1998.

Dans l'ascension du Pla d'Adet qui mène à l'arrivée du jour du Tour de France à Saint-Lary, c'est une marée de drapeaux qui attend les coureurs. Le monde entier s'est donné rendez-vous dans les Pyrénées pour supporter les forçats de la route. Sur le bas côté, les couleurs de la France, de la Bretagne de la Belgique, de la Colombie ou encore de l'Australie sont brandies par les fans de la petite reine au passage de leurs champions.

Majka remporte la 17e étape

Le Polonais Rafal Majka (Tinkoff) est arrivé seul en tête, mercredi, au Pla d'Adet, sur les hauteurs de Saint-Lary-Soulan. Vincenzo Nibali (Astana), troisième, a conforté son maillot jaune de leader du Tour de France lors de cette deuxième étape pyrénéenne, qui a franchi trois cols de première catégorie avant la montée du Pla d'Adet classée hors-catégorie.

L'Italien a franchi la ligne devant Jean-Christophe Péraud, principal bénéficiaire de cette étape de 124,5 kilomètres. Le Français de 37 ans, s'est ainsi rapproché du podium, à 42 secondes de l'Espagnol Alejandro Valverde et à 8 secondes de son compatriote Thibaut Pinot.

Avec AFP

Même s'ils se font plus rares, quelques drapeaux italiens fleurissent aussi ici et là. Et les tifosis sont particulièrement fiers. Depuis mi-juillet, le maillot jaune est porté sans discontinuer par un enfant du pays, Vincenzo Nibali, leader de l'équipe kazakhe Astana. À seulement quatre jours de l'arrivée sur les Champs-Élysées, les supporters italiens ont déjà la victoire en tête. “J'ai suivi Nibali durant tout le Tour de France. C'est une grande joie. Ça fait vraiment plaisir !”, raconte Maria, tout en levant les bras au ciel. Cette Italienne, qui vit en France depuis l'âge de 18 ans, se déplace chaque année sur la Grande Boucle. “Cela fait un moment qu'on a pas eu de victoire. Le dernier c'était Pantani et c'est triste car depuis il est mort. Il était vraiment bon en montagne. Je l'avais vu à Pau”, se souvient-elle en faisant référence au champion italien surnommé le “Pirate”, vainqueur en 1998 et décédé en 2004.

À quelques mètres de là, Louis, franco-italien, est lui aussi venu tout spécialement pour supporter Nibali avec ses petits enfants. Ce fan de vélo, originaire de Haute-Garonne, n'a pas de drapeau italien, mais il a endossé le maillot de l'équipe Astana: “Pour l'instant, Nibali est le meilleur, mais il faut qu'il arrive à la fin”. Il avoue préférer ce coureur de 29 ans à son illustre ainé, éclaboussé par plusieurs affaires de dopage : “Pantani, il a gagné, mais il était drogué. Je ne suis pas d'accord avec ça.” Nostalgique d'une époque plus propre et moins controversée, Louis se remémore les exploits des champions de sa jeunesse : Gino Bartali ou encore Fausto Coppi, vainqueurs chacun de deux Tours de France dans les années 30 et 40.

" Le plus grand champion, c'est Coppi!"

Un peu plus bas dans la descente du Pla d'Adet, Philippo partage les mêmes héros : “Le plus grand champion du Tour, c'est Coppi !”. Ce cycliste amateur, qui a déjà fait cette même ascension par le passé, n'aurait manqué cet étape pour rien au monde. Sa joie est des plus communicatives. “Depuis le temps qu'un Italien n'a pas gagné!”, hurle-t-il en montrant les couleurs verte, rouge et blanche de son immense drapeau. “C'est dommage que Contador ne soit plus dans le Tour [l'Espagnol Alberto Contador, double vainqueur du Tour en 2007 et 2009, a abandonné le 14 juillet, ndlr], mais je crois que Nibali aurait gagné de toute façon. Il s'est préparé tout spécialement pour le Tour”, estime cet Ariégois d'origine italienne. “Il n'est pas encore arrivé à Paris, mais il est bon en contre-la-montre, il devrait garder le maillot jaune. Mais c'est sûr qu'on peut tout perdre en cinq minutes sur le Tour”, tempère-t-il.

L'engouement autour de Vincenzo Nibali s'est même propagé chez les supporters des autres pays. Orphelin de Christopher Froome et Mark Cavendish qui ont tous deux quitté l'épreuve par la petite porte, un couple de Britanniques soutient désormais le champion italien.“C'est triste pour les Anglais, mais le Tour est toujours le Tour ! Nous aimons Nibali. Il est modeste comme Froome, il est vraiment tranquille. Nous espérons qu'il va gagner de nombreuses fois le Tour dans les prochaines années", expliquent Sue et Mick, deux retraités de Nottingham, qui suivent le Tour chaque été depuis une quinzaine d'années.

Une étape à l'accent basque

Mais en cette étape pyrénéenne, les coureurs les plus applaudis viennent de la frontière toute proche. À quelques kilomètres du Pays basque, ce sont les drapeaux de l'Euskadi qui sont les plus nombreux. “On était déjà là l'année dernière”, explique Ibai, au côté de son père Pitxu. “Beaucoup de gens font du vélo au Pays basque”.

Izaskun et ses amis sont venus en force. Ce groupe d'une dizaine de Basques a dormi à la belle étoile pour ne pas manquer l'arrivée à Saint-Lary. “C'est vrai, on peut dire que c'est un peu une étape basque ! Il y a beaucoup de gens de notre région, parce que c'est tout près et parce que nous sommes une terre de cyclisme”, explique la jeune femme. Alors que leur camion est couvert de symboles de l'Euskadi, ses supporters ne cachent pas leur préférence : “Nous soutenons Beñat Intxausti (de l'équipe Movistar) car il vient de notre ville Amorebieta-Etxano. Nous ne sommes pas triste pour Contador. On s'en fiche un peu, c'est un bon cycliste, on l'aime bien, mais on préfère les coureurs basques !”.