
Les résultats officiels de la présidentielle indonésienne donnent Joko Widodo, le candidat réformateur, vainqueur. Son adversaire, l’ex-général Prabowo Subianto, a dénoncé des "fraudes massives", mais ne conteste pas la victoire de Widodo.
Le gouverneur de Jakarta et réformateur Joko Widodo a remporté l'élection présidentielle en Indonésie, première économie d'Asie du Sud-Est, avec quelque 53 % des suffrages, selon le comptage final de la commission électorale, cité mardi 22 juillet par des médias locaux.
Son rival, l'ex-général controversé Prabowo Subianto, a recueilli environ 47 % des suffrages, selon ces résultats qui doivent être annoncés comme définitifs par la commission électorale mardi vers 20 heures (13 heures GMT).
Avant que ce comptage final ne soit connu, Prabowo Subianto a annoncé qu'il se retirait du processus, et a accusé le camp de son rival de "fraudes massives, structurées et systématiques".
"Nous allons user de notre droit constitutionnel pour rejeter l'élection présidentielle de 2014 qui est juridiquement invalide, et nous nous retirons donc du processus en cours", a déclaré Prabowo.
Mais quelques heures après cette première déclaration, l'ex-général a fait savoir, par son avocat, qu'il ne contesterait pas les résultats du vote devant la Cour Constitutionnelle.
Joko Widodo - surnommé Jokowi - et Prabowo Subianto, s’étaient tous les deux proclamés vainqueurs après la fermeture des bureaux de vote, tandis que des estimations fiables avaient donné près de 53 % des suffrages au gouverneur de Jakarta, contre un peu plus de 47 % à son rival.
Les tensions sont ensuite allées croissantes, en raison de multiples accusations de fraudes et de tricherie de part et d'autre, à l'issue de l'élection la plus polarisée depuis la chute du dictateur Suharto, en 1998, marquée par des violences qui avaient fait des dizaines de morts.
Plus de 250 000 policiers ont été mobilisés à travers le pays pour l'annonce des résultats, dont un peu plus de 3 000 rien que pour assurer la sécurité du bâtiment de la commission électorale, au centre de Jakarta.
Nouvelle génération d’hommes politiques
L'élection de Jokowi, un ancien vendeur de meubles issu d'un milieu modeste, sans lien avec le régime autocratique du passé, marque l'avènement d'une nouvelle génération d'hommes politiques dans le plus grand pays musulman au monde, avec près de 250 millions d'habitants.
Joko Widodo a affirmé vouloir poursuivre les réformes démocratiques de l'ère post-Suharto (1967-1998). Âgé de 53 ans, il a connu une ascension fulgurante en politique, après être devenu maire d'une ville d'un demi-million d'habitants en 2005, puis gouverneur de Jakarta en 2012.
Par contraste, Prabowo Subianto est un ancien gendre de Suharto. Il a reconnu avoir enlevé des militants pro-démocratie dans les années 1990. L'ancien militaire de 62 ans, qui a fait fortune dans les affaires, a estimé récemment que la démocratie telle qu'elle était conçue en Occident n'était "pas adaptée à l'Indonésie".
Les investisseurs dans la première économie d'Asie du Sud-Est espéraient une victoire de Jokowi, considéré comme un dirigeant honnête qui n'a été jusqu'ici impliqué dans aucune affaire judiciaire, contrairement à beaucoup d’hommes politiques de ce pays, l'un des plus corrompus au monde.
Outre la lutte contre la corruption, Jokowi devra entreprendre des réformes impopulaires, comme l'amélioration de la faible productivité de la main-d'œuvre ou la réduction des subventions sur l'essence - son prix est l'un des plus bas de la région -, afin de relancer l'économie. Le taux de croissance, autour de 6 % depuis une décennie, est en léger ralentissement depuis un an.
Avec AFP