Alors que l'armée irakienne a lancé, samedi, un assaut pour reprendre la ville de Tikrit, aux mains des insurgés djihadistes, les autorités irakiennes ont annoncé avoir reçu une première livraison d'avions de combat russes.
Moscou vole à la rescousse de Bagdad. L'Irak a reçu de la Russie une première livraison d'avions de combat Sukhoi pour l'aider dans sa contre-offensive face à la progression des insurgés qui se sont emparés de larges pans du territoire, menaçant de provoquer une partition du pays.
L'offensive fulgurante lancée le 9 juin par les insurgés sunnites, menés par les djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), a fait plus d'un millier de morts, selon l'ONU, et poussé à la fuite des centaines de milliers d'habitants.
Alors que le pays est traversé par de vives tensions confessionnelles, les appels à la formation d'un gouvernement rassemblant toutes les forces politiques et communautés se sont multipliés, une idée à laquelle le Premier ministre Nouri al-Maliki a semblé finalement se rallier cette semaine.
Moscou ne restera pas "les bras croisés"
L'annonce par Bagdad de cette livraison est survenue alors que les forces gouvernementales, appuyées par l'aviation, ont lancé samedi 28 juin un assaut pour reprendre la ville de Tikrit, ancien fief de Saddam Hussein situé à 160 km au nord de Bagdad. Les Su-25, des avions d'attaque au sol, devraient être mis en service aussi rapidement que possible, afin de renforcer l'aviation irakienne. Jeudi, M. Maliki avait annoncé que Bagdad allait acheter plus d'une douzaine d'avions à la Russie, un accord estimé à plus de 500 millions de dollars (368 millions d'euros).
Lors d'une visite à Damas samedi, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, avait affirmé que son pays ne resterait pas "les bras croisés" face à l'offensive des djihadistes en Irak, sans détailler néanmoins l'aide que son pays comptait apporter.
"La situation est très dangereuse [...] et menace les fondements de l'État irakien" a-t-il dit, tout en insistant sur le fait qu'en Syrie comme en Irak, la solution ne pouvait venir que d'un "véritable dialogue national".
L'armée irakienne à l'assaut de Tikrit
Sur le terrain, samedi, des milliers de soldats, appuyés par des chars, des équipes de déminage et des raids de l'aviation, ont lancé l'offensive sur Tikrit, tombée le 11 juin aux mains des insurgés sunnites.
Dans la soirée, des combats ont eu lieu à l'ouest de Tikrit, de même qu'à 20 km au sud, à Dejla, selon des témoins et une source militaire.
Outre Tikrit et d'autres secteurs de la province de Salaheddine (nord), les insurgés ont mis la main sur Mossoul, deuxième ville d'Irak, une grande partie de sa province Ninive (nord), d'autres secteurs des provinces de Diyala (est), Kirkouk (nord) et Al-Anbar (ouest).
L'Irak réclame depuis plusieurs semaines des frappes aériennes américaines contre les insurgés, et des responsables irakiens ont exprimé leur frustration au sujet du fait que les accords prévoyant la livraison d'avions F-16 et d'hélicoptères Apache n'aient pas encore été mis en œuvre.
Les États-Unis, qui se sont retirés militairement du pays fin 2011 après huit ans d'occupation, se sont pour l'instant contentés de déployer des drones pour survoler la capitale irakienne - afin de "protéger" le cas échéant les militaires et diplomates américains- et d'envoyer 300 conseillers militaires.
Avec AFP